MENOU-MENOU
Les joyeux habitants d’la vill’ de Sainte-Ménou
Ont, depuis quelques mois bien rigolé sur nous !
C’est not’ tour à présent, d’éplucher leurs vertus
Leurs mœurs et leurs coutumes, leurs vices et leurs abus
Sur l’air du tra la la la etc.
II
Celui qui composa les scies et les chansons
[1]
N’a pas, je vous le dis, fait toujours tant d’façons
On l’a vu bien des fois, et d’un air conquérant
Courir la prétentaine dans les rues de Florent
[2]
Sur l’air du tra la la la, etc.
III
Si vous désirez voir les beautés de cett’ville
Visitez en détail le vieil hôtel de ville
Vous trouverez à gauche un superbe théâtre
Caché, pour le moment, sous plusieurs couch’s de plâtre
[3]
Sur l’air du tra la la la, etc.
IV
Faut admirer sans faute la superbe sculpture
Qui décore la façade de la Sous-préfecture
Son orgueil éblouit cette construction bâtarde
Qui lui fait vis-à-vis et nommé corps de garde
Sur l’air du tra la la la, etc.
V
Poussez un peu plus loin, entrez dans la prison
Où vous verrez cachés sous de noirs capuchons
[4]
Des bandits, des voleurs. Oh ! charme tout puissant
Vous n’y trouverez pas un seul typ’ de Florent !
Sur l’air, etc.
VI
Et vous verrez du ciel
Le plus grand des bienfaits : La Pastille Géraudel !
[5]
Ce produit merveilleux, si vanté à la ronde
Et qui a fait déjà plusieurs fois l’tour du monde
Sur l’air du tra la la la, etc.
La chanson « Ménou-Ménou »
« Suite à la plaisanterie du »Mort vivant« , les gens de Menou se moquaient des gens de Florent ; c’était en mai 1887 quand les régiments de cuirassiers logeaient au quartier Valmy. Trois mois après, une habitante de Florent écrivait sous le pseudonyme de Florentine de la Morgnie, une chanson en réaction à ces moqueries. Les vers sont aussi une promenade dans la cité de l’époque ».
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L’affaire du Mort vivant avait fait grand bruit et avait amené même des sanctions contre les auteurs de la plaisanterie. Un plaisantin avait fait passer dans les maisons de Florent une invitation aux obsèques de M. Emile Rougeau, comte de d’Oualson, maréchal des logis chef au quartier Valmy. Il faut dire que cet homme était très connu à Florent et aimé
de tous. Il était même ajouté, pour plus de véracité, que dans le testament il était précisé qu’une somme de 30 000 F serait allouée aux pauvres du village.
Alors voilà, ce jour-là, tous les habitants en pleurs, partis en cortège pour se rendre au Quartier Valmy où là, surprise, Emile Rougeau, qui n’avait d’ailleurs jamais été comte, caracolait sur son cheval.
On s’était moqué, et on se moquait encore de la crédulité des Florentins. Alors cette habitante de Florent prit sa plume pour écrire des mots pour se moquer des gens de Menou, comme ces « polissons qui pêchent de très mauvais poissons ». Il est précisé qu’il faut chanter sur l’air de « Du tra la la la » c’est à dire sur la chanson de la Mère Michel.
VII
En passant rue Chantereine, ne vous arrêtez pas
[6]
Ne tournez pas la tête, évitez les faux pas
Y a des blanchisseus’s très fort’s sur leur métier
Qui connaiss’nt la manièr’ de tout bien nettoyer.
Sur l’air, etc.
VIII
Si par malheur pour vous, y a nécessité
Grand Dieu ! n’ayez jamais le foll’ témérité
De passer dans l’égout qui a nom Lamotte
[7]
Sans prend’ la précaution de r’trousser votr’culotte
Sur l’air, etc.
IX
Il existe près du Jard un’ superbe rivière
Qui passe d’puis longtemps sous les arch’s du pont de pierre
Son eau comm’ le cristal, est si limpid’ et pure
Elle réfléchit les cieux, les arbr’s et la verdure
Sur l’air, etc.
X
Non loin de là existe le fossé des Remparts
Où se lavent chaqu’matin, les jaunes étendards
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Des enfants en bas-âge qui se sont oubliés
Et qui dans leurs drapeaux ont commis des excès
Sur l’air, etc.
XI
Tous les jours de la semaine, de jeunes polissons
Y pêchent en quantité de très mauvais poissons
Chez nous, faut pas en rire, le poisson qu’on taquine
Ce sont de jolies boit’s renfermant des sardines
Sur l’air, etc.
John Jussy