Quand le téléphone est arrivé dans les villages d’Argonne, ce fut une révolution. Encore fallait-il savoir s’en servir.
Quèsqu’c’est qu’ça ?
Au lavoir : entre bonnes femmes à Passavant :
- Quoëqu’i disont qu’on va avoé (avoir) un Terléphone, quoèqu’c’est de c’t’affair’là ? Ce s’sraitdon pou arrouseuïe les ving’s (vignes) ?
- Vus n’y etaïe pus, cousine.
- Eh, ben ! Où ce que ça s’met ? Pouquoé qu’c’est faire ?
- Ea s’ri à la poste, noume ? Ce n’s’ritm pourtant à ciz vous ?
- Coumat don qu’ça i est, c’tt affair’-là ?
- Eh ben ! C’est coum si on cournait (cornait) ; on câouse das iun et on répond das l’aut’ ; compurnez’v’ ?
- Ah ben ! Il afauri un grou cournet pou qu’on oyi d’Passavant à Paris ?
- Eh ! n’m’a pâorlez’m ! i sont mäou malis à c’t’hâoure !
Le terléphone fonctionne à X
Un nouvel abonné au téléphone veut en montrer le fonctionnement à son ami :
- Tiens, dit-il, je viens d’avertir ma femme que nous dînerons ensemble ce soir. Mets l’oreille à l’appareil, et tu verras qu’elle a parfaitement compris ce que je lui ai dit.
L’ami écoute et entends :
- Tu aurais bien pu te dispenser d’inviter cet imbécile !
Lu v’là qu’arrive !
Déjà, il était question d’installer le téléphone dans le village. Un beau jour arrive une voiture de déménagement en haut de laquelle on lit en grosses lettres :
Entreprise de déménagements
Reims. Rue N° Téléphone 1-12
Au vu de l’inscription, le garde champêtre court en hâte prévenir le maire et les conseillers : « V’la l’Terléphone qu’arrive (bis) apprêtez’v’ ! » leur dit-il tout affairé et essoufflé.
Histoires tirées du « Fouillet de Passavant », bulletin paroissial mensuel qui a paru de 1898 à 1904.
Dans l’annuaire de la Marne de 1908, on peut lire : 1er août : Somme-Yèvre : mise en service du réseau téléphonique.