Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La page du sourire.

Le lapin.

   par François Mouton, Luc Delemotte (dessin)



Dès le début de la Deuxième Guerre Mondiale, des restrictions rigoureuses furent imposées par l’occupant. En Argonne, comme ailleurs, les cartes d’alimentation firent leur apparition et il fallut se serrer la ceinture, une situation qui perdura encore plusieurs mois après la fin du conflit. Si, dans les campagnes où les gens vivaient en quasi-autarcie depuis toujours, la situation était supportable, car chaque foyer élevait son cochon, ses poulets, ses lapins et cultivait un grand jardin. il n’en était pas de même pour les villes, même petite comme Menou. où toutes ces possibilités n’existaient pas. Alors il fallait faire appel au bon vieux système D pour pallier la disette !
Comme les Allemands avaient confisqué toutes les armes et interdit la chasse, le gibier avait proliféré. Emile, profitant de cette aubaine, se mit à braconner pour faire bouillir la marmite familiale.
Un jour où il se promenait avec son tout jeune neveu Jean-Claude, âgé d’un peu plus de 2 ans, il aperçut en passant devant une carrière de sable, un lapin de garenne qui rentrait dans son terrier. Comme celui-ci n’était pas très profond et le sable assez meuble, il ne lui fallut pas longtemps pour capturer la pauvre bestiole et l’occire d’un coup de poing derrière les oreilles.
Emile portait un vieux paletot de velours à manches longues, une cachette idéale où le lapin fut engouffré et la promenade continua comme si de rien n’était.
Un peu plus loin, les deux promeneurs rencontrèrent un garde qui faisait sa tournée. Court échange de banalités, et c’est alors que le petit Jean-Claude, resté muet jusqu’alors, se manifesta : « Veux voir le lapin ! ». Heureusement, le garde était un peu dur d’oreille, l’élocution du gamin encore un peu hésitante et surtout, son oncle avait des réflexes vifs : « Mais oui, tu as faim ! C’est l’heure de goûter. On va vite rentrer à la maison ! » « Mon petit-fils a le même âge. Ils savent ce qu’ils veulent, mais ils sont tellement mignons ! » Un avis que ne partageait pas vraiment Emile à ce moment-là.
D’autant plus que le lapin, mal assommé commençait à reprendre vie dans sa manche gauche et qu’un petit bout d’oreille commençait même à pointer à hauteur de son poignet, l’obligeant à des contorsions bizarres, pour masquer l’objet du délit ! Le garde n’ayant rien remarqué, Jean-Claude et son oncle purent reprendre sans encombre leur chemin.
Le retour à la maison fut rapide. Quant au lapin qui avait été à l’origine d’une belle sueur froide, il fut délicieux et apprécié.

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