Elle en avait besoin, la rue Camille Margaine, d’être refaite à fond ; que de trous, que de pavés apparents sous le goudron !
Avec la rue Chanteraine, la rue Camille Margaine entoure la butte du Château.
Autrefois cette rue qui se terminait à une porte des remparts, actuellement « Côte des cloches », se nommait rue de Royon. Baillon, dans son livre d’histoire locale, nous dit que ce nom viendrait d’un infirmier qui œuvrait dans une léproserie ou une maladrerie située juste derrière la porte. La rue se prolongeait hors des remparts par les jardins de Royon, un simple chemin avec quelques maisonnettes.
Puis la rue prit le nom de Camille Margaine ; le Ménéhildien qui fut député et sénateur et qui habitait cette rue. Henri Camille Margaine était né à Sainte-Ménehould en 1829. Il fut maire de la ville de 1867 à 1874 et de 1876 à 1883. Il était donc premier magistrat pendant la guerre de 1870. Il fut député de 1871 à 1888 (dans la gauche républicaine) et sénateur de 1888 à 1893, date de sa mort à Paris.
Comme ce fut un personnage influent, et qu’un député ménéhildien n’est pas chose courante, adieu Royon
Une rue bien singulière :
La rue Camille Margaine a une particularité qui étonne toujours les touristes lors des visites guidées : les immeubles impairs sont de belles maisons
XVIIIe siècle, alors que du côté pair, côté butte, ce sont des maisons plus récentes, d’architecture disparate.
Pour expliquer cette particularité, il faut revenir à l’époque de la reconstruction de la ville après le terrible incendie de 1719. L’ingénieur Philippe de La Force ne veut pas de maisons au pied de la butte et place les immeubles près de la rivière. Il a fallu, nous raconte Buirette (Histoire de la ville), l’intervention des futurs habitants qui voulaient de plus grands jardins pour que Philippe de La Force accepte de placer les maisons là où elles sont aujourd’hui, décision prise, dit-on, après un repas bien arrosé
On remarquera, sur la légende de cette carte, une faute dans le nom : Magaine au lieu de Margaine ; remarquons aussi que la rue qui mène à la butte ne se nomme pas encore « Dom Pérignon » mais « Rue de la côte du Château » (voir la plaque à gauche). La cheminée que l’on voit à l’arrière-plan, dans l’axe de la rue, était la cheminée de la sucrerie dans l’ancienne zone industrielle.
John Jussy