Les reliques de sainte Ménehould ont toujours été en grande vénération dans la ville qui porte son nom.
Chaque année, a écrit Claude Buirette (Histoire de la ville, 1837), le jour de l’Assomption, la châsse de sainte Ménehould ainsi que celui qui renfermait les reliques de la Sainte Vierge étaient promenées processionnellement dans les principales rues de la cité et portées en station devant chaque église particulière.
Le clergé, les ordres religieux, les principales autorités, les confréries et principalement celle des drapiers et sergiers, à laquelle était confiée la châsse de la vierge Ménehould, assistaient à cette cérémonie. Celle-ci se renouvelait le lendemain, fête de saint Roch, que l’on sait être le patron des pestiférés.
Dans le manuel de la confrérie de sainte Ménehould (1893), on peut lire : « Cet usage vient d’être rétabli Malheureusement la châsse contenant les reliques d’objets ayant appartenu à la Mère de Dieu ayant disparu, elle ne peut être remplacée que par la statue de Marie. »
On dit aussi qu’au cours d’une maladie pestilentielle, la ville fut délivrée par l’intercession de sainte Ménehould et de saint Roch. Toutes les fois que les habitants ont été frappés d’un fléau, la piété les a portés à exposer les reliques et à les promener dans la cité. Ces reliques étaient l’objet d’un pèlerinage très fréquenté, et on accourait des villages des alentours, surtout pendant l’octave de la fête de la bienheureuse.
L’église a encouragé cette dévotion par la concession de nombreuses indulgences : « A tous les fidèles capables de pardon, qui visitent dévotement l’église honorée des reliques de la glorieuse sainte Ménehould, monseigneur Archambault, évêque de Châlons, a concédé à perpétuité 40 jours d’indulgence ».
Les indulgences sont une rémission totale ou partielle devant Dieu de la peine temporelle encourue en raison du péché déjà pardonné. Cela existe toujours, mais les indulgences n’ont plus ce côté « pécunier » qu’elles auraient parfois pu avoir.
On trouve encore le récit de la vénération de sainte Ménehould dans la Matot Braine des années 1920, semblable au récit de Buirette :
« Le jour de l’Assomption, la châsse de sainte Ménehould était portée dans les rues de la ville. La procession se renouvelait le lendemain en souvenir d’une maladie pestilentielle qui désola le pays et dont il fut délivré par l’intercession de sainte Ménehould. Le jour de la fête de sainte Ménehould pendant l’octave (du 14 au 24 octobre), les paroissiens et les fidèles du pays viennent prier devant les reliques exposées et faire toucher des linges pour les malades et les petits enfants. »
Toujours écrit dans ce livre, on peut lire que ce sont les archiprêtres Couvreux et Henry qui au XIXe siècle furent les restaurateurs du culte de sainte Ménehould. Il semble donc qu’entre le XIVe et le XIXe siècle, les Ménéhildiens avaient un peu oublié leur sainte patronne. M. Couvreux fit de l’antique chapelle Sainte Nicolas un sanctuaire consacré à sainte Ménehould, avec un autel surmonté d’une statue aux formes plutôt colossales.
Jusqu’à cette date, aucune chapelle n’était dédiée à sainte Ménehould. De plus, sainte Ménehould, patronne de la cité, ne fut jamais titulaire de l’église. Les magnifiques vitraux qui racontent en images la vie de la sainte allaient être réalisés en cette fin du XIXe siècle. C’est aussi le chanoine Henry qui « sut donner à l’antique confrérie de sainte Ménehould un élan nouveau et fonda ce pèlerinage édifiant qui, le 14 octobre, réunit à Côtes à Vignes tant de fidèles Ménéhildiens ». Là encore ce pèlerinage du 14 octobre sur le coteau où la sainte avait un petit ermitage n’existe plus.
Que reste-t-il des fêtes en l’honneur de Ménehould ?
Sur le livret du diocèse, la date de la fête officielle de sainte Ménehould est fixée au 13 octobre ; une messe est alors dite en son honneur.
A Côte à Vignes, sur un coteau près de La Neuville-au-Pont, là où Ménehould a accompli le « miracle », une fête est organisée chaque premier dimanche de juillet : procession, messe et repas champêtre sont au programme et la fête réunit toujours une centaine de personnes.
A Bienville sur Marne, au sud de Saint-Dizier, là où Ménehould « a rendu son âme à Dieu », des fêtes sont organisées avec toujours une procession vers le coteau où se dresse la chapelle renfermant la statue des 7 sœurs.
John Jussy