Il faut en convenir, autrefois l’année s’écoulait dans beaucoup de cas, dans un mélange d’utile et d’agréable sans doute à beaucoup d’égard. Les gens étaient plus heureux, moins stressés que nous pouvons l’être aujourd’hui parce qu’ils avaient une ambition raisonnable et beaucoup moins de besoins.
Les bonnes gens, nos parents et grands-parents prenaient la vie avec beaucoup plus de philosophie et peut-être plus en chrétiens. Il le fallait car le travail quotidien, nécessaire à la vie, était plus absorbant qu’aujourd’hui et surtout moins rémunérateur.
Fort de ce constat, Pâques est sans aucun doute la fête la plus importante du christianisme. Elle commémore la résurrection de Jésus et le nouveau testament, la fixe au lendemain de la Passion, au troisième jour comme chacun sait. La date de Pâques est donc variable car elle se situe le premier dimanche de la pleine lune après la date du printemps. Au printemps, on fête la lumière, la renaissance de la nature après les longs mois d’hiver.
Autrefois, faire ses pâques avait un sens bien précis. On s’y préparait et on attendait. Se confesser, communier et repartir à neuf en quelque sorte. A cette époque, les coutumes remplissaient le quotidien, en particulier « le briand » , pendant la période où les cloches voyageaient à Rome. Qui s’en souvient ?
Réservé à l’origine aux enfants de chœur mais avec des bénévoles (souvent les amis), en particulier trois fois par jour en parcourant les rues du village (6h, 12h et 18h) en criant avec force, appuyé du bruit de leurs crécelles « Vla l’angélus qui sonne ».
La crécelle était un instrument de musique remontant au moyen âge, appelé « Brouan » et qui deviendra au fil du temps « briand ».
Je me souviens en particulier d’un « briand particulier » qui faisait sensation dans la petite équipe et qui avait servi d’avertisseur pendant la Première Guerre mondiale pour les attaques au gaz. Que de souvenirs !
Cette promenade répétée et volontaire se terminait avec un panier au retour des cloches. La quête était généreuse, la tradition de Pâques était respectée, souvent des oeufs mais aussi des sucreries, de la petite monnaie. La collecte était partagée, la sanction appliquée pour les manquants, la notion de partage se vérifiait, le plaisir était là. De surcroît, à cette date, il était de tradition que parrains et marraines donnent à leurs filleuls des oeufs de pâques, sans doute remplacés de nos jours par un chèque... les temps changent.
Le lundi était l’omelette traditionnelle ; elle rassemblait les jeunes et les anciens dans des jeux totalement oubliés aujourd’hui comme le « rouillot ». Aujourd’hui, à Pâques, les briands ou crécelles ne bourdonnent plus ? CHUT... Certains diront qu’on évolue pour le bonheur des gens. Le bruit devient notre adversaire, les cloches, le coq, les grenouilles, le ruminement des vaches... La vie en somme.
Le Président, Patrick Desingly.