Autre temps, autres mœurs. Heureusement que l’abbé Van Der Baden, le curé de Menou que les Seniors ont connu, n’officie plus de nos jours, il serait affolé
Nous sommes en 1949, le bulletin paroissial se nomme « Le Château », huit pages de nouvelles, le tableau d’honneur du catéchisme, et des conseils aux parents.
La télé n’est pas encore arrivée en Argonne ; il y a le cinéma, le « Casino », et parfois le théâtre, joué par des Ménéhildiens ou les acteurs du « Berthier Riga » qui installait son chapiteau sur la place de la mairie.
Un conseil donné aux parents concerne la lecture d’illustrés où l’abbé fustige les livres qui montrent « le crime, le vol, la bagarre, la force brutale ». On est bien obligé de penser aux films de notre époque et à notre télé dont bon nombre d’émissions sont des enquêtes policières. L’indication « déconseillé aux moins de » n’existait pas dans les années d’après-guerre.
Tous ces illustrés, ce sont les livres de notre enfance, souvent rangés dans le grenier. Mais plus étonnant encore, ce sont les « déshabillés suggestifs » évoqués par l’abbé. Aujourd’hui, clic clic sur le clavier de l’ordinateur et en quelques secondes, on peut visionner plus que des déshabillés.
Cependant on recommande aux parents de surveiller ce que les enfants peuvent regarder sur ces sites internet. Autrement dit, rien n’a changé ou presque, juste évolué.
Cœurs vaillants :
Cet illustré, comme on l’appelait à cette époque, avait été créé en 1929 par l’UOCF, l’Union des œuvres Catholiques de France. En 1934, il était tiré à 300 000 exemplaires. Le dernier numéro est sorti en 1963. L’illustré « Ames Vaillantes » avait quant à lui été créé en 1937.
En 1949, Cœurs Vaillants venait juste de reprendre sa parution car en octobre 1945 il était interdit comme tous les journaux qui étaient parus pendant la guerre : il fallait vérifier s’il y avait eu collaboration
Anecdote, histoire de phylactères :
Hergé, dessinateur belge bien connu
et créateur du personnage de Tintin, participa à « Cœurs Vaillants » pendant presque 20 ans. Sa première histoire « Tintin au pays des Soviets » qui allait paraître dans le journal posa des problèmes. A l’époque, les textes se trouvaient en bas de chaque image mais Hergé voulait utiliser les phylactères, nommés aussi bulles ; ce que ne voulait pas les rédacteurs de Cœurs Vaillants.
Interdits :
Tarzan et Zorro étaient déconseillés pour leur « immoralité excessive » et dans le grenier familial, je n’ai trouvé que des « déconseillés » ; pas de chance Et vous ?
Christine Francart