Quand on manque d’argent, on vend. C’est ce que font de nombreuses communes, c’est ce qu’a fait la cité de Menou, hier et il y a bien longtemps.
L’ancienne école de La Grange-aux-Bois, le groupe Buirette, la ville veut vendre ; l’ancien hôpital rue Florion, déjà vendu encore que ces bâtiments n’aient plus ou n’avaient plus leur utilisation et étaient inutilisés donc déficitaires quant à leur entretien. Pour les églises, dur, dur !
Et à ceux qui vont se lamenter : « Ah ! Aujourd’hui », nous allons dire que cela est souvent arrivé.
Début du XIIIe siècle : Blanche de Navarre donne l’affranchissement à la cité argonnaise. A la fin du siècle précédent, Sainte-Ménehould était entrée dans le domaine des comtes de Champagne. A la mort du comte de Champagne Thibault III, sa veuve Blanche fut nommée régente et conserva le titre de Comtesse de Champagne. Elle gouverna ses états à la place de son fils Thibault IV et vint plusieurs fois à Sainte-Ménehould pour « visiter » son peuple.
Blanche accorda aux habitants de la ville le droit de bourgeoisie et d’échevinage et donna une charte à la cité. Rien n’échappait à la vigilance de la comtesse qui voulait assurer le bonheur de ses habitants. Elle s’occupa des fours banaux, des moulins et de la réparation et de l’augmentation des fortifications du château.
En 1212 elle donna à la ville plusieurs arpents de bois dans ses forêts. Blanche assura aussi aux habitants la propriété des terrains qu’ils avaient défrichés et concéda à la commune toutes les terres en friche, les landes, les marais. Les habitants asséchèrent ces marais et se les partagèrent sauf un, la partie la moins marécageuse, qui resta à la ville et qui servit pour la vaine pâture. Ce terrain s’appela donc la « commune » et par la suite, par déformation « la Cumine ».
Cette prairie se trouve au nord-ouest de la ville, entre la route de Chaudefontaine et celle de Moiremont. Au Moyen âge, on accédait à cette prairie par une des portes de la ville nommée ’Porte des Prés", dénomination dont il nous reste la rue de Prés.
Mais ce terrain n’était plus depuis longtemps propriété de la ville ; à cette époque, si les fortifications du Château étaient à la charge du roi, l’entretien des remparts de la ville basse était à la charge des bourgeois et cela demandait beaucoup d’argent.
Buirette nous dit, concernant cette prairie de la Cumine :
« Elle fut vendue successivement à mesure que l’on eut besoin d’argent pour l’entretien des murs des remparts ».
Une rue qui change de nom :
C’est une petite rue qui se termine dans les prés, une rue sans issue, perpendiculaire à la rue du moulin et presque en face de l’impasse Rochefort. Sur le plan de 1836, cette rue se nomme justement « Chemin des prés » ; sur le plan dressé en 1964 et édité par le syndicat d’initiative, elle se nomme « Ruelle de la cumine » ; sur les sites internet actuels, sept sites présentent un plan de la ville : on trouvera une fois « Rue de la Cumine », deux fois « Chemin de la Cumine » et trois fois « Chemin de la Commune ». Etonnant.
La vaine pâture :
La pâture libre ou vaine pâture était une coutume en usage depuis un temps immémorial ou chacun pouvait faire paître ses bêtes librement. Autrement dit, on pouvait avoir une vache à la maison sans être propriétaire terrien.
Baillon, dans son livre d’histoire signale que :« La cumine est un mot déformé de l’ancienne dénomination la commune, prairie ayant appartenu longtemps à la ville ».
Mais l’historien local écrit aussi que cet usage a continué dans cette prairie jusqu’en 1900 sous la bienveillance d’un « marcaire » de la ville, le père Midy, que tous ont alors connu, Baillon ayant écrit son livre en 1957 Un marcaire, mot inconnu de certains dictionnaires, était un mot venant des Vosges qui désignait un employé attitré à s’occuper des animaux ou des fromages.
A lire : Buirette, histoire de la ville de Sainte-Ménehould, pages 102 et 103 (version originale).
Baillon, histoire de la ville « Sainte-Ménehould et ses environs », page 301.
John Jussy
