Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Des oranges pour les émigrés.

   par John Jussy



On parle beaucoup des émigrés, des problèmes les situations sont souvent dramatiques, voire désespérées. Mais il y a des émigrés qui ont connu des situations parfois comiques.
Avant la seconde guerre mondiale, parmi les émigrés arrivés en Argonne, il y avait des Polonais. Mais, détail étonnant, ces jeunes qui voulaient rejoindre notre pays devaient avoir fait leur communion !
Mireille Champion a vécu avenue Kellermann avec son mari Marcel une bonne partie de sa vie, avant et après la guerre. Elle était née en 1920 à Kakawa-Nova, dans la campagne polonaise, elle est venue en France à l’âge de 11 ans pour rejoindre sa sœur Hélène à Merfy près de Reims.
Mireille exécutait alors malgré son jeune âge divers travaux, bonne dans les fermes, garde d’enfants. Et pour la nourriture, Mireille raconte :
« On mangeait de la mauvaise graisse dans laquelle baignait des patates et autres légumes. On était mal nourri et pourtant il fallait travailler comme des forcenés. »
Elle raconte encore :
« Je vivrai toute ma vie dans ce pays, terre d’accueil, pas toujours amie surtout à mon arrivée. Quand j’étais enfant, je fus choquée de voir que les enfants français n’avaient pas le droit de jouer avec nous »
Puis la jeune fille se maria en 1941 avec Marcel et vécu une vie de labeur dans la maison des Champion, avenue Kellermann : travail à la ferme, dans les bois et même patronne de café, avant, en 1961, de travailler à l’usine Jaeger.




Wladislava Rubis, c’était le nom de Mireille en Pologne, partit donc un jour pour la France. Le voyage en train dura huit jours. A la gare de Strasbourg, il y avait, comme aujourd’hui, des personnes qui se dévouaient pour améliorer le sort des émigrés et ces bonnes gens donnaient aux arrivants des oranges. Beau geste pour l’époque seulement voilà, Mireille n’avait jamais vu d’oranges de sa vie.
« Mais moi, je ne savais pas ce que c’était des oranges Alors je les jetai par la fenêtre du train et au dehors les gens ne se privaient pas pour les ramasser ! Evidemment ! »

Quand j’ai lu cette histoire, je me suis demandé quelles mésaventures peuvent aujourd’hui arriver à tous ces émigrés qui arrivent en Europe.
C’est Bernard, le fils de Mireille, aujourd’hui décédé, qui nous a remis le livret écrit par sa mère « Voyage en Argonne ». Bernard était mon copain d’enfance car j’ai habité pendant plus de vingt ans à 2 maisons de sa famille. On savait Mireille originaire de Pologne et c’est tout.

John Jussy

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