Il y a bien longtemps de cela, le préfet avait écrit une lettre au maire d’un petit village pour lui demander combien il y avait « d’aliénés » dans sa commune.
Au reçu de cette demande, le maire est bien embarrassé et se demande ce que ça peut bien être des « aliénés ». Il en discute le soir en mangeant la soupe avec sa femme.
- Si tu ne vois pas ce que c’est, va trouver le maître d’école, il pourra peut-être te renseigner. Qui fut dit fut fait.
- Des aliénés ? Ce n’est pas bien sûr des vaches ni des poules ni des cochons, c’est.. c’est des « aliénés » voilà tout ! lui répond le maître d’école tout aussi embarrassé.
- Je le sais aussi bien que vous, bougre de bête ! Ea ne m’avance pas beaucoup ça !
- Eh bien, que fait le maître d’école qui n’était déjà pas si content : on voit que vous n’avez pas usé votre pantalon comme moi aux écoles ! Des « aliénés, des aliénés », c’est des bêtes à laine C’est sûrement des brebis.
Le maire commence alors son recensement, et comme il y avait deux cent quarante brebis au village, il répond au préfet qu’ils avaient deux cent quarante « aliénés ».
En voyant la réponse, le préfet en a été tout estomaqué, parce que dans le village il n’y avait, dans ce temps-là, que cent vingt habitants.
Il réécrit au maire que son recensement n’était pas bon. « Ah, par exemple, lui a répondu le maire, rien que chez moi, il y en a plus de soixante des »aliénés".
Depuis ce temps-là, les mauvaises langues des villages voisins les prennent tous pour des fous. Mais il ne faudrait tout de même pas leur dire qu’ils sont fous, parce qu’ils pourraient bien vous courir derrière et vous donner quelques coups de bâton.
J.P.V.