Argonne !
Dans tes vallons résonnent
Aujourd’hui, encore et toujours,
Sous nos pas, les pas des soldats !
Oh neige ! Oh froid !
Oh joie !
Joie des enfants de nos temps,
Rires des enfants insouciants !
Ils rentreront ce soir,
Heureux de leurs jeux
Abandonnant la luge au bois,
Pleurant, la piquette aux doigts.
Ils pleureront,
Mais bien vite se consoleront
Au chaud,
Dans les bras des mamans.
Argonne !
Oh neige, oh froid
Oh malheur et misère des soldats
Ils ont pleuré eux aussi, tout bas,
ils ont rêvé, tapis en contrebas,
De leurs mamans et de leurs bras !
Ils ont rêvé sans honte, de câlins
De soirées aux foyers,
De soupes chaudes, de feux de bois.
Ils s’appelaient Gaston, Marcellin, Honoré ou Claude,
Et ils mouraient, écœurés, sinon résignés, révoltés,
Si jeunes, si seuls, pourquoi ?
Ils s’appelaient aussi,
Hans, Herbert, Hermann, ou Heinrich
Ils étaient là, esprits contraints
Souvent bien plus que par motivations véritables,
Réalisant dans ce néant,
Harassés,
Avant d’eux même fléchir,
Le coeur au bord des yeux, ce que l’on attendait d’eux
Les deux camps maudissant les puissants !
Argonne !
Dans tes vallons résonnent,
Encore et toujours
Sous les rires des enfants,
Leurs rires cristallins
Qui tombent en cascades et s’égrènent
Comme des perles d’un chapelet qui se rompt.
Juste, comme pour se souvenir,
Presque imperceptible dans ces rires,
Le sifflement des balles
Et les plaintes des soldats
Apportées par le vent !