Voilà un menu bien original avec des noms tout en forme de jeu de mots où l’on retrouve, avec une référence à Ulysse, nos pieds de cochon à la Sainte-Ménehould :
Hors d’œuvres
(An)chois d’auteurs grecs et latins
Langues mortes
Entrées
Tête de minotaures à la vinaigrette
Pieds de compagnons d’Ulysse à la Sainte-Ménehould
Rôti

Oies du Capitole
Poulets sacrés (plat de bon augure)
Salade
Romaine
Relevé
Homère à l’Américaine
Dessert
Castaneae molles
Et Pressi copia lactis
Les crus célébrés par Horace arroseront ce festin antique ; pour assurer l’équilibre, peut-être compromis, des convives, on leur servira, à la fin du repas, le revigorant Café Nécadas.
Signé : Willy
Un festin antique, dit l’auteur, avec des références à cette époque :
La tête de minotaure :
Le minotaure était, dans la mythologie grecque, un animal fabuleux à corps d’homme et tête de taureau ; né des amours entre Passiphaé, épouse du roi Minos, et d’un taureau blanc (sic), il vivait dans un labyrinthe créé par Dédale. Tous les 9 ans, Égée, roi d’Athènes, devait lui fournir 7 jeunes garçons et 7 jeunes filles car le minotaure se nourrissait de chair humaine. Pas sûr que si les convives avaient su ce qu’était un minotaure, ils auraient apprécié le jeu de mot…
Oies du Capitole :
En 390 avant J.C., les Gaulois saccagèrent Rome ; les Romains qui étaient réfugiés sur le Capitole, une des sept collines de la cité, furent prévenus une nuit par les cris des oies de l’attaque des Gaulois.
Dessert :
Castanea est le nom savant du châtaignier.
Pieds de compagnons d’Ulysse à la Sainte-Ménehould :
Encore les pieds dans un menu… Ulysse, dans son voyage, arriva sur l’ile d’Eéa où vivait la magicienne Circé. Vingt-deux compagnons d’Ulysse burent un breuvage et avec des incantations, Circé les transforma en… cochons ! D’où le jeu de mot… Mais Circé ne put réussir à transformer Ulysse en animal et même « s’accoupla » avec lui avant de rendre apparence humaine aux compagnons du voyageur.
D’autres allusions à l’antiquité sont « faciles » comme la salade romaine, ou ne sont pas très compréhensibles comme le « Pressi copia lactis ». N’empêche, le restaurateur avait l’art des mots, à voir quand il dit que pour les invités qui auraient oublié l’actuel « avec modération », on leur servira un café pour assurer « l’équilibre compromis ».
Simonne Jussy