Que d’oublis pour l’histoire de l’Argonne. Dom Pérignon, on connaît, mais sait-on qu’il est né à Sainte-Ménehould ? Vauban, de son nom Sébastien Le Prestre, le bâtisseur de Louis XIV, on connaît, mais sait-on que c’est au siège de Sainte-Ménehould qu’il est entré au service du roi ? Et il y a la butte rouge…
Monique Parmentier-Speck, conférencière de l’histoire de l’art, revient sur cette méprise :
"Ces jours-ci, l’actualité nous fait faire machine arrière : elle nous remet en mémoire la Commune de Paris (1870-1871) et ravive le douloureux souvenir des massacres de cet épisode intense et cruel.
Parallèlement, nous conservons à l’esprit les paroles d’une chanson « antiguerre » inoubliable, parue en 1922 : « La Butte rouge ».
Son parolier, Monthéhus (†1952) avait combattu lors de la première guerre mondiale. Son texte fut un succès, et interprété par de grands artistes : Yves Montand ; Marc Ogeret, Renaud, Mouloudji… L’œuvre est aujourd’hui ancré dans les grands classiques de la chanson française.
Sans chercher plus loin, nous associons cette chanson-culte aux événements tragiques de la Commune de Paris. Mais remettons le « quand » et le « où » à leur place :
C’est à côté de Berzieux, à la Butte rouge, un lieu-dit inhabité que combattait Monthéhus en 1915.
Là aussi : « beaucoup d’hommes qui montaient roulaient dans le ravin » où la terre buvait « le bon sang rouge des ouvriers et des paysans »… comme ceux de la Commune de 1870.
Qui savait que cette chanson immortelle avait pris racine dans notre humble Argonne ? Elle allait à jamais entrer dans notre patrimoine français.
Mars 2021, Monique Parmentier-Speck.