Beaucoup font le constat des richesses de l’Argonne, d’autres du patrimoine « dormant » qui ne demandent qu’à être vus, regardés, appréciés et mis en valeur. Derrière ces attentes, désirs ou insatisfactions, des enjeux et des dynamiques complexes s’entrecroisent.
Depuis 2002, la municipalité s’est engagée dans un programme de réhabilitation du Musée Municipal et d’agrandissement de la bibliothèque. Ce projet répond à une demande sociale, tout en s’intégrant à une volonté d’amélioration du cadre de vie, élément constitutif du développement économique.
Pour ce programme, une démarche équilibrée entre le souci de la conservation patrimoniale, de la réflexion scientifique, de la présentation et de l’animation a été mise en place. Sans évoquer l’ensemble des composantes de ce projet, il convient, puisqu’il en est le cœur, de porter notre attention sur le patrimoine mis en valeur, accumulé avec patience par Monsieur Mourlet, ancien conservateur, auquel il faut rendre hommage et sans lequel la valorisation de ces objets serait impossible aujourd’hui.
Evoquer l’ensemble des richesses du musée serait long et fastidieux et ces quelques lignes n’y suffiraient pas. On ne peut nier l’intérêt des collections, évocatrices de la richesse de notre histoire, sans pour autant avoir la prétention de se comparer à de grands musées nationaux ou régionaux. C’est pourquoi il a été choisi d’insister sur la démarche suivie dans ce projet en l’illustrant d’exemples, d’objets qui témoignent de l’importance de ce patrimoine et les lecteurs comprendront qu’on ne peut évoquer les collections (près de 3000 livres et 3000 objets du Musée) sans parfois en oublier quelques uns.
Le musée bibliothèque : un acteur du patrimoine
Préserver, étudier et communiquer sont les trois axes majeurs qui placent le patrimoine au cœur de cette démarche, afin de le valoriser auprès d’un public le plus large possible.
Conserver : c’est à la fois inventorier et protéger l’intégrité des objets.
Afin d’assurer une pérennité de l’héritage des fonds du musée et de la bibliothèque, la Mairie a engagé deux programmes d’inventaire de leurs collections, selon des règles normalisées. L’inventaire du fonds ancien de la bibliothèque, réalisé par David Lalau en 2005, qui a déjà fait l’objet d’un article dans cette revue (cf n°s 28 et 30), a déjà révélé sa richesse. Parmi ce fonds, datant pour le plus ancien de 1578 (Vies des hommes illustres, grecs et romains, comparées l’une avec l’autre par Plutarque de Charonée - tome second), les multiples ouvrages de Voltaire, Diderot, le Comte de Buffon On peut distinguer d’autres ouvrages importants : l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ou celle de Panckoucke, toujours admirables tant par les définitions que par la qualité de ses planches. Le Traité d’Elemens d’astronomie (1740) de J. Cassini, en est un autre exemple.
Marie Hascoët, attachée de conservation, a réalisé le catalogage ou inventaire du fonds du musée, sur support informatique afin de permettre une mise en réseau avec une base de données nationale, type Joconde, et une accessibilité par Internet, outil indispensable de communication.
On pourra par exemple découvrir les bronzes animaliers de Pierre-Albert Laplanche, du début du siècle. Né en 1854 à Sainte-Ménehould, sociétaire aux artistes français, celui-ci est notamment l’auteur de la statue « cerf et biche » (1913), « cerf en rut » (1907), que l’on pourra découvrir par ce moyen.
Les collections se révèlent très éclectiques et l’on peut les regrouper en quelques classes généralistes : Histoire, Art sacré, Arts et traditions populaires, Histoire militaire, Sciences naturelles.
Le catalogage est un outil fondamental pour valoriser scientifiquement et didactiquement les objets conservés. Il permet une meilleure gestion et un enrichissement des collections, grâce notamment à la recherche scientifique. Après identification, classement, description, ces fiches inventaires contiennent les informations indispensables de base, nécessaires au fonctionnement interne du musée, mais également pour tous les chercheurs extérieurs.
Conserver c’est aussi restaurer
Certains objets ayant subi les outrages du temps ou l’attaque d’insectes, un programme de restauration est en cours. Notons parmi les oeuvres sélectionnés : le célèbre tableau « le Vœu de Louis XIII » (classé par les Monuments Historiques en 1911), « le martyr de St Laurent », huile sur bois datée du XVIIe siècle où le Saint en buste, tenant la palme du martyr, au premier plan, tourne le dos à l’évocation de son supplice, le portrait du « Comte de Cerny » (XIXe), et le « Christ en croix janséniste » (XVIIIe). D’autres collections, telles les outils des vieux métiers et des Arts et traditions populaires, les collections des Sciences naturelles, sur les conseils de spécialistes, ont été nettoyées par Mme Hascoët et Monsieur Grabenstaëtter.
Les peintures XVIIIe, scènes galantes, de paysages bucoliques, intégrées dans les boiseries, trumeau de cheminée, seront restaurées dans le cadre de la réhabilitation du bâtiment.