C’était l’hôtel de Metz, le plus bel hôtel de la ville, c’est aujourd’hui une maison menacée. L’hôtel de Metz, en pleine rue Chanzy, était la référence. De nombreuses personnalités y ont séjourné : Louis-Philippe en 1831, le roi qui voulait revenir sur le site de la bataille de Valmy où il avait fait ses premières armes à 19 ans en tant que lieutenant-général sous les ordres de Kellermann. Quel honneur de recevoir un roi !... Une chambre fut pompeusement baptisée « Chambre royale » et fit l’objet d’une carte postale.
Victor Hugo y dormit en juillet 1838, alors qu’il préparait son ouvrage sur le Rhin. Puis ce fut Alexandre Dumas père, en juillet 1856 pendant qu’il écrivait son ouvrage « La route de Varennes ».
Mais c’est Victor Hugo qui a été subjugué par l’hôtel et a consacré quelques pages de son livre à l’établissement et c’est la cheminée qui a retenu son attention : « Cette cuisine est un monde dont la cheminée est le soleil » peut-on lire dans l’ouvrage.
Car on devait y bien manger, avec des « faïences bleues », « l’édifice fantastique de casseroles ». Et la spécialité était bien entendu le pied de cochon à la Sainte-Ménehould comme il était écrit tout en haut de la façade. De plus, à la croisée de voûte de la porte cochère, on pouvait voir deux pieds enlacés et l’inscription « Bazinet Anziaux ».
Cependant, Victor Hugo, dans les quelques pages consacrées à la cuisine, n’a guère parlé du pied de cohon… Peut-être n’aimait-il pas ?
Quel spectacle quand les voitures tirées par les chevaux passaient sous ce porche dans un fracas d’enfer.
Au début du XXe siècle, on perd la trace de l’hôtel. Mais quand les automobiles remplacèrent les chevaux, le bâtiment devint un garage. Fini la cuisine, fini la chambre royale, plus de balustrade en fer à l’étage, l’huile de friture est remplacée par l’huile de vidange. La cuisine fut cependant reconstituée en partie dans la maison Bazinet presque en face de l’hôtel.
Puis ce fut l’incendie des maisons voisines du vieux Menou, les démolitions, les interrogations. Le bâtiment est aujourd’hui un chef d’œuvre en péril. L’hôtel de Metz faisait pourtant partie du patrimoine de la ville.
John Jussy