Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Le roi Louis-Philippe en Argonne.

   par John Jussy



L’hôtel de Metz eut donc l’honneur de recevoir le roi Louis-Philippe qui voulait revoir le champ de bataille de Valmy où il avait combattu. Cette journée fut historique, c’était le 8 juin 1831.
Louis-Philippe, dit aussi Louis-Philippe 1er, était devenu « roi des Français » le 9 août 1830 après l’abdication de Charles X. En 1792, âgé de 19 ans, il combattit les Prussiens, engagé dans l’armée du nord. Il était alors lieutenant-colonel sous les ordres de Kellermann.
Louis-Philippe fit son « pèlerinage en Argonne », d’abord à Dampierre-sur-Auve puis à Valmy, à Dommartin-la-Planchette où il avait dormi et enfin à Sainte-Ménehould. Le lendemain, le roi partit pour Verdun.
Qui dit accueil du roi dit revue militaire, réception, bal à l’hôtel de ville… et discours. Un journal de l’époque relate les discours du maire de Valmy, du maire de Sainte-Ménehould, du clergé, et les réponses du roi.

Voici le discours du maire de Valmy :

"Sire,
Permettez à un maire de village de présenter à V.M. les respectueux hommages de la population de sa commune. Notre amour et notre reconnaissance pour tous sont aussi vifs que sincères.
Nous n’avons pas oublié, sire, avec quel dévouement vous vous êtes exposé un jour du danger pour sauver nos libertés, qui sont maintenant impérissables.
Sire, nous faisons des vœux pour la conservation de vos précieux jours et ceux de votre aimable famille, laquelle fait notre espoir et celui de nos enfants.
Puisse la Providence seconder les efforts que fait votre majesté pour la gloire et ma prospérité de la France !
Vive le Roi !"

Réponse du roi :
« C’est avec une grande émotion que je me retrouve à Valmy, et que je me rappelle avec orgueil que j’ai contribué à sa célébrité, par la part que j’ai eu le bonheur de prendre au combat glorieux auquel votre village a donné son nom. Mais que d’événements se sont passés depuis lors et combien la défense de cette colline a influé sur le sort de la France ! Que de guerriers qui étaient alors dans nos rangs, le fusil sur l’épaule, et qui depuis se sont élevés aux plus hautes dignités par leur valeur et par les victoires éclatantes qui ont illustré nos armes ! J’en ai deux avec moi en ce moment, le maréchal Gérard et le lieutenant-général Tirlet, qui, l’un et l’autre, se trouvaient ici comme simples volontaires, le 20 septembre 1792. Quoique bien jeune alors, j’avais déjà le bonheur d’y être comme général : c’est ce qui m’a donné l’avantage de servir utilement mon pays, et c’est un des souvenirs les plus chers à mon cœur. »



Remarque : Le roi dit avoir été à Valmy en tant que général alors que sur la liste des généraux ayant participé à la bataille on lit : « Louis-Philippe d’Orléans, alors lieutenant-colonel ».
Le roi était accompagné de son fils Ferdinand-Philippe d’Orléans, et, comme il le dit dans son discours, du maréchal Gérard [1] et du lieutenant-général Tirlet [2], deux personnalités alors simples volontaires à Valmy, mais qui ont su, tout en traversant la Révolution, l’Empire et la Royauté, finir dans les plus hauts grades de l’armée.





Le général Gérard et le lieutenant-colonel Tirlet ont tous deux leur nom gravé sur l’Arc de triomphe.
Noms de rues :
Victor Hugo qui avait séjourné à l’Hôtel de Metz en juillet 1838 a eu droit à une rue à son nom (à sa mort en 1885). Louis-Philippe n’a pas eu cette chance. Peut-être parce qu’un poète est toujours aimé, peut-être pas un roi…


John Jussy

Notes

[1Etienne-Maurice Gérard, originaire de Damvillers, était à 19 ans engagé dans le 2e bataillon de volontaires de la Meuse. Il participa à toutes les guerres de Napoléon où il fut blessé cinq fois. Il fut ministre de la guerre, mais en 1931, il était « sans emploi » et accompagnait le roi. Deux mois après sa visite en Argonne, il partait diriger l’armée du nord et combattre les Hollandais.

[2Louis Tirlet devait se sentir « chez lui » car il est né à Moiremont. À la bataille de Valmy, il avait 21 ans. Il devint colonel en 1799. Ce jour-là, c’est en tant que député qu’il accompagna le roi, ayant abandonné la carrière militaire en 1827.

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