Dans un récent numéro, nous disions que nos aïeux avaient trois prénoms et que souvent on les appelait par le deuxième. Des personnalités de Menou et de l’Argonne n’ont pas échappé à cette coutume.
La famille Géraudel est un bel exemple ; le célèbre pharmacien vivait dans les années 1900. Géraudel se prénommait Auguste-Arthur mais sur sa tombe au cimetière du Château
, on peut lire « Arthur Géraudel » ; on l’aurait donc appelé par son second prénom. Même chose pour son deuxième fils Auguste-Albert dont l’épitaphe est « Albert Géraudel ». Sur la généalogie trouvée sur Internet, le prénom Arthur est parfois écrit avec des apostrophes…pas facile…
- Le père se prénommait Jean-Nicolas, mais la mère se prénommait Françoise.
- La femme d’Arthur, Marie-Antoinette-Blanche (sur la tombe Blanche).
- L’oncle témoin au mariage Paul-Stanislas.
- La sœur du pharmacien prénommée Victoire-Pauline a épousé Charles-Louis Chappat.
- Son frère baptisé Louis-Ferdinand a épousé une demoiselle Soudant prénommée Adèle-Palmyre.
Il semble aussi que les parents Géraudel se soient « amusés » pour le choix des prénoms de leurs fils : si le père se prénomme Auguste-Arthur, le premier fils a reçu comme prénom Arthur-Emile et le second Auguste-Albert.
Ce deuxième fils a épousé une dame Dubost, prénommée simplement Jeanne (décédée en 1970) ; la mode de deux prénoms était-elle terminée ?
Remarque : sur une pub d’un guide du promeneur du début du XXe siècle, il est noté : M. A. Géraudel, A… Auguste ou Arthur
.
Personnalités de Menou : si vous voulez donner un prénom composé à un enfant, voici quelques exemples :
- Jean-Chrysostome, prénom de Guillaume, l’ami de Drouet (Jean Chrysostome est un saint de l’église, IVe siècle.
- Jean-Charles-Edme : prénom de Farcy, maire en 1791 qui a rempacé Dupin de Dommartin. Farcy est l’homme qui fut interrogé car il connaissait le visage du roi.
- Nicolas-Antoine-Benjamin : M. Charinet sous-préfet ayant remplacé J.B. Drouet.
- Charles-Gabriel-Noël : prénom de Villeneuve, maire en 1801.
- Claude-Apollon : M. Robinet, maire en 1816 qui a une rue à son nom. Se prénommer Apollon, pas facile !
- Hyacinthe-Claude-Félix : M. Barthélémy, sous-préfet en 1817 : vaut mieux de prénommer Claude que Hyacinthe.
- Athanase : l’abbé Morlet, curé en 1916 ; Athanase vient du grec Athanos qui veut dire immortel. (!!!)
À Hans :
- Maurice-Henri du Val : le comte de Hans qui refit les vitraux de l’église.
Et il y a Camille Margaine, député et maire en 1867 et 1876, qui a une rue à son nom. Baillon a écrit : Henri-Camille Margaine et on trouve sur internet « Camille Henri Margaine » sans trait d’union ; ou mieux « Henri, Camille Margaine », avec une virgule.
La chapelle funéraire du député, au bout du cimetière du château, nous réserve des surprises. A l’intérieur, à peine visible derrière les carreaux jaunis, le buste du Ménéhildien avec l’inscription : Camille Margaine. Mais sur la porte, en haut, écrit en lettres de pierre : Henri-Camille Margaine ; et en bas les initiales entrelacées CM.
André Theuriet, le grand poète et écrivain (mort en 1907) qui a si bien chanté l’Argonne dans ses ouvrages, avait trois prénoms : Claude-Adhémar-André Theuriet. Adhémar est une forme romanisée de germanique Adalmar, « Adar » signifiant noble et « mar » célèbre. L’écrivain n’a pas choisi son 2e prénom. Oublié Adhémar Theuriet, mieux vaut s’appeler André Theuriet.
En cherchant les hommes célèbres dans les communes argonnaises, on s’aperçoit qu’il y a deux Charles-François ; à Givry en Argonne, Charles-François Delacroix, député, père du peintre Eugène Delacroix ; et à la Neuville-au-Pont, Charles-François Beautemps Beaupré, hydrographe.
Aujourd’hui personne ne prénomme son fils « Claude-François ». Même si le chanteur n’est jamais venu à Menou, il y a bien eu un jour un Claude-François dans la ville : c’était le fils de Drouet : Claude-François Drouet né en 1783.
John Jussy