Colin et Margot,
chanson très populaire en Argonne au XVIIIe siècle
Margot que monsieur l’maire
V’nait d’proclamer rosière, (*)
S’en allait un matin,
Dans l’petit bois
S’en allait un matin
Dans l’petit bois voisin.
A cheval sur son âne
Qu’elle guidait d’un air crâne,
Et qui la m’nait bon train
Dans l’petit bois
Et qui la m’nait bon train
Dans l’petit bois voisin.
Quand par hasard, sans doute
Elle rencontre en route
Au détour d’un chemin
Dans l’petit bois
Au détour d’un chemin
Dans l’petit bois voisin.
Colin qui sans mystère
Lui dit : « mets pied à terre »
Pour braqu’nauder un brin
Dans l’petit bois voisin
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Non, fit-elle je tremble,
Qu’on nous rencontr’ ensemble
Au milieu du chemin
Dans l’petit bois voisin.
Comm’ la semain’ dernière
J’fus proclamée rosière
Je n’veux pas l’être en vain
Dans l’petit bois voisin.
Ma renommée acquise,
En serait compromise,
Si j’embrassais
Dans l’petit bois voisin
Dans ce péril extrême
Pour lui prouver qu’il l’aime
L’gaillard lui fit soudain
Dans l’petit bois voisin.
Un bouquet d’violettes
Si bien que l’on répète
Qu’elle épousa Colin
Dans l’petit bois
Qu’elle épousa Colin
Dans l’petit bois voisin.
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Les vêpres de Bournonville,
Après les réjouissances et les libations, les chansons offraient moins de retenue et de réserve.
Avo qui qu’ tu marieré Jean-Joli, mon fi ?
Avi qui qu’ tu marieré, dis-m lu donc, dis !
Ju m’marieré avo la fill’ don maire, ma mère, j’ vu le dis,
Ne c’reiez m’ qu’ j’véra qu’cri la fill’ don bouvier, nanni, nanni !
Avo quoi qu’ tu la r’habill’ré, Jean-Joli mon fi ?
Avo quoi qu ’tu la r’habill’ré, dis-m’ lu donc, dis !
J’la r’habill’ra avo la piau d’not vache nair’, ma mère, j’vu l’dis,
n’créiez m’ qu’ j’li ach’tra une rôb’ en satinett’, nanni, nanni !
Avo quoi qu’tu la chauss’ré, Jean-Joli, mon fi ?
Avo quoi qu’tu la chauss’ré, dis-m’lu donc , dis ?
J’la chauss’ra avo les « cadots » d’not’ vieill’ vache, ma mère, j’vu l’dis,
N’créiez m’ qu’ j’li ach’tra des piots solés, nanni, nanni !
Pa d’oouest-ce qu’ t’la mettré cueuchi, Jean-Joli mon fi ?
Pa d’oouest-ce qu’ t’la mettré cueuchi , dis-m’ lu donc dis ?
J’la mettra cueuchi dans la « binée » d’not vach’ ma mère, j’vu l’dit,
N’créiez m’ qu’ j’li ach’tra un leïe, nanni, nanni !
Avo quoi qu’ tu la couvriré, Jean-Joli, mon fi,
Avo quoi qu’ tu la couvriré, dis m’ lu donc, dis ?
J’ la couvriré avo not’cuvé à lessiv’, ma mèr, j’ vu l’ dis,
N’ créiez m’ qu’ li ach’tra un’ couvert’, nanni, nanni !
Autre version
N’créiez m’ qu’ j’ soulèv’ra souvent le couvercl’, nanni, nanni !
Cette vieille chanson rustique s’interprète sur le ton des vêpres d’où le nom. Bournonville est un hameau à quelques kilomètres de Givry-en-Argonne. Un lecteur de notre journal m’a dit avoir entendue cette chanson sous le nom de « vêpres à Privat ». Privat étant dans les Ardennes. Des variantes de cette chanson se retrouvent en Lorraine, en Franche-Comté et même en Savoie.
Nicole Gérardot