Pour commémorer le centenaire de la loi de séparation des églises et de l’Etat, il m’a semblé nécessaire de présenter les opérations ainsi que les protestations émises par le curé de La Neuville-au-Pont l’abbé Gérardot ainsi que par les membres du Conseil de Fabrique.
Historique
C’est à partir de 1516 qu’une organisation religieuse d’Ancien Régime est conclue entre le Pape et le Roi de France.
Le premier concordat a permis de normaliser les affaires religieuses de l’Etat. Le chancelier Duprat fut le maître d’œuvre du concordat de 1516 ; le traité fut ratifié par le pape Léon X et François 1er. Il fut convenu que les cathédrales, églises, abbayes, monastères et chapitres vacants de leur pasteur n’ont plus le droit d’élire celui-ci ; le roi patron de toutes les églises de son royaume prend à sa charge la nomination de ces pasteurs à qui le Pape donne les provisions sur le brevet du roi.
Le concordat de 1516 fut aboli unilatéralement par la Constitution civile du clergé du 12 juillet 1790. Lors de son arrivée au pouvoir, Bonaparte veut œuvrer à rétablir un dispositif assurant la paix sociale et religieuse dans le pays. Le Corps législatif vote le Concordat le 18 germinal an X (8 avril 1802). Les curés et les doyens seront nommés par l’évêque en accord avec le préfet représentant du gouvernement. Le clergé est salarié de l’Etat : de ce fait il accède à la sécurité de la ressource financière. Les communes doivent assurer la charge de réparations des églises et d’acheter les presbytères qui seront loués gratuitement aux curés. La pacification religieuse est enfin assurée en France suite à cette volonté commune de régler les relations du spirituel et de l’Etat.
Le décret de décembre 1809 mais en place les fabriques chargées de rémunérer le curé, l’organiste, le bedeau, les sonneurs, etcet de la gestion du temporel, biens immobiliers et mobiliers. Le Conseil des marguilliers administre le service divin avec le maire et le curé membres de droit.
Napoléon III, à partir de 1860, crée par ses positions de politique extérieure un renouveau de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Les relations se dégradent sous le gouvernement de Jules Ferry avec l’entreprise de la séparation de l’Eglise et de l’Ecole. Les républicains adoptent la loi du 28 mars 1882 sur l’obligation scolaire et la laïcité des programmes ; elle avait été précédée par celle de juin 1881 sur la gratuité de l’école primaire. La machine est en route : dès le 17 avril 1882 les membres du Conseil de fabrique présentent, au préfet, un inventaire du mobilier de l’église de La Neuville-au-Pont. Les mobiliers affectés au Culte sont répertoriés par nature, situation, valeur et origine ; l’inventaire est certifié et signé par Mrs Marmottin, Just Laidebeur, Blot, Thiery et Ludot curé (Archives Départementales de la Marne 47 V2). Le mouvement de laïcisation s’étend, des propositions de loi en faveur de la séparation font créer une commission en 1903 pour arriver le 11 décembre 1905 à la publication au Journal Officiel de la République Française de la loi dite de Séparation de l’Eglise et de l’Etat.
Archives LEGER J.C.