Une vue générale de l’atelier
Les meules chargées sur le camion, prêtes à partir pour l’affinage.
Le foin qu’on aperçoit sert de cale et d’amortisseur.
Et chaque jour, le lait de la veille au soir était mélangé à celui du matin pour recommencer un nouveau cycle de cette fabrication si complexe.
Dans les meilleures périodes, nous fabriquions journellement jusqu’à 30 meules chacune d’elles nécessitant 900 litres de lait.
Les premières années, nous faisions un peu de beurre, mais après la guerre, toute la crème était envoyée à la fromagerie de Maison Du Val.
Il y a eu dans notre laiterie jusqu’à 24 personnes employées : 23 hommes, (fromagers, ouvriers, chauffeurs, porchers) et une femme, moi-même.
La laiterie logeait la plupart de son personnel et ces nouveaux habitants amenaient une certaine effervescence au village. Lors des premières élections municipales après la guerre, les « laitiers » ont même présenté leur liste contre celle du village ! On n’avait jamais vu une chose pareille.
Etienne Emond se souvient particulièrement de la classe de Madame Bassuel. C’était aussi un peu après la guerre, et sur ses 42 élèves, environ la moitié étaient des enfants de la laiterie. Certains d’entre eux avaient des ballons de foot, des patins à roulettes ou des vélos de course. Ea faisait bien des jaloux ! Les enfants du village qui ne possédaient pas ce genre de jouets, même s’ils en avaient d’autres, s’estimaient moins gâtés, et il se créait des clans.
En 1960, la fabrication de l’emmental a du être arrêtée, le lait étant devenu impropre à sa fabrication à cause des aliments fermentés ajoutés à l’alimentation naturelle des vaches. C’était le début des « ensilages » que certains éleveurs commençaient à utiliser.
Le matériel a été revendu et nous avons fabriqué du port-salut. Pas pour longtemps. En 1962, Maison Du Val, dont la fabrication principale était aussi le port-salut a fermé notre laiterie.
Les 24 employés ont été répartis dans les autres usines du groupe. »
En 1987, ce fut au tour de Maison Du Val de fermer ses portes et d’être sacrifiée sur l’autel de la concentration d’entreprise et de la rentabilité...
On produit toujours de l’emmental en France, mais seulement dans les grandes fromageries, principalement en Bretagne.
A l’époque où il était fabriqué en Argonne, c’était un produit cher et, sauf chez les fromagers suisses, il n’était pas utilisé en cuisine, mais seulement mangé à la main.
« Mon père en râpait dans sa soupe et sur tous ses légumes » se souvient Jacqueline Fave qui évoque avec gourmandise une recette que sa mère, Marguerite servait en entrée.
La tarte au gruyère
Garnir une tourtière de pâte brisée, la remplir d’emmental râpé. Ajouter par dessus 2 œufs battus avec de la crème, du sel, du poivre et un peu de noix de muscade. Cuire une trentaine de minutes et manger chaud.