Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La rubrique de Jeannine Cappy

Zine et Riquet,

   par Jeannine Cappy



Charmont , c’était notre premier chantier... On logeait encore à Maurupt le Montois, et tous les matins, un camion citroën P45 nous amenait sur la coupe où les bœufs nous attendaient.

Bournonville ensuite, avec notre bébé, Serge qui avait quelques mois. Une baraque de chasse, « la Joguenette », construite entre deux étangs nous servait de logement. Elle était absolument vide à notre arrivée, pas un seul meuble.
On a commencé par faire un lit pour Serge avec des perches et de la paille dessus, puis un autre pour nous de la même manière. On a improvisé une table.


La Joguenette aujourd’hui...


La nourriture était forcément très simple : A la ferme Millon à Bournonville, on achetait le lait ainsi que du lard, des pommes de terre et du pain. On ramenait aussi de temps en temps de l’eau potable du village dans un tonneau de 50 litres. Tous les jours, on pêchait des poissons. Grillés, c’était excellent. Nous avions aussi deux oies qui nous donnaient de bons œufs qu’on cuisait à la poêle.
On emmenait Serge partout avec nous .Le matin, on partait tôt avec lui bien emmailloté. On le mettait par terre à l’abri d’un tas de bois sur un oreiller posé sur une toile cirée, son biberon à côté de lui. Le biberon, c’était une bouteille de pulmosérum [5] coiffée d’une tétine étroite comme on en trouvait à cette époque.
Il buvait quand il voulait. S’il faisait mauvais temps, on le couvrait de « ferloques » [6] et on lui faisait un abri de fortune. Il était tout de même mouillé quelques fois, mais il n’était pas malade. Il a eu sa première maladie à 3 ans et demi !
On chargeait nos voitures, 2 stères et demi à 3 stères de bois de mine dans chacune. qu’on allait décharger sur le bord de la route d’Ante. Il y avait environ trois km et le chemin n’était pas bon. Dans la côte Thomas, il fallait souvent mettre des fagots de branchage pour ne pas s’embourber.
On portait Serge dans les bras à tour de rôle. Une fois, on l’avait calé sur une voiture, un bois de mine a roulé et a failli l’écraser ! Quand il était un peu plus grand, on le mettait « à gralious » [7]
Zine s’occupait seule de son "barôt, précise Riquet.
On faisait 2 voyages par jour, un le matin et l’autre l’après-midi.
Les bois de mine étaient ensuite emmenés à la gare de Givry par camions. Là, ils étaient triés par taille et chargés dans un wagon à destination des mines du Nord qui avaient alors de gros besoins pour remettre en état les galeries ravagées par la guerre.


Binarville au lieu-dit « Le Quassis »...
Le déménagement a été vite fait !! Dans deux petites caisses les vêtements, les couvertures quelques ustensiles de cuisine et nos deux oies. Une hutte de terre construite par des charbonniers nous a servi de logement.
On charriait non seulement des bois de mine, mais aussi du charbon de bois. Le dépôt était situé au bout du chemin entre Binarville et la Mare aux Bœufs, à la ferme de la Moinerie. Le chemin était plus court et meilleur qu’à Bournonville. Aussi, nous faisions plus de voyages.
Zine travaillait même un peu à la ferme de la Mare aux Bœufs, chez Monsieur Hérault, à la traite des vaches, au jardin, au ramassage des betteraves, des pois. Nous n’avons jamais tant mangé de pois cassés ! On avait aussi du lait pour Serge, du lard, des œufs.....

Notes

[5Pulmosérum : Sirop de cette époque contre la toux

[6Ferloques : Vieux paletots

[7A gralious : A califourchon

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