C’était la mode, en cette période d’avant guerre (la seconde) de trousser des vers en y dissimulant le nom des gloires locales bien souvent, nationales parfois. L’exercice engendrait un texte souvent lourd, parfois grivois où l’on essayait, en respectant longueur des vers et les rimes, de dissimuler le maximum de noms propres.
Voici la copie rendue par un dénommé DEDCOQ, concernant notabilités et commerçants des années vingt. A vous de les découvrir. On vous a un peu aidé, tout d’abord en faisant ressortir les noms par une calligraphie particulière et puis en vous donnant l’identité de dix-sept citoyens dissimulés. A vous de trouver les autres. Un abonnement gratuit à celui qui en trouvera le plus grand nombre. En vous reportant à des articles parus dans les numéros 12 et 19, ce devrait être chose aisée.
Mon Gentil pèr’, c’est fait, j’ai rompu le mariage
Que j’t’avais annoncé il y a quelques temps,
Ma belle était Jolye, mais hélas son grand âge
L’avait un peu fanée, Soutif étaient Toublan,
Mon pauvr’ cœur est Séret quand je pens’ tout en fièvre,
Que c’est au bois d’Verrière, à l’époqu’ des Moisson
Que je vis mon Angèle, agile comm’ Lelièvre
Au nez un peu Pointud, mais aux beaux seins Touron.
Marchand à côté d’ell’, je luis dis : Mad’moiselle,
Vous avez l’air Destraite ; Henry ant ell’ m’ répond :
« Je Toussaint peu, j’voudrais des pastill’s Géraudele
Jaunet pu en ach’ter, n’ayant pas de Pougnon.
Hélas, j’suis dans la Gén in peu, cela est moche.
Pabst, fis-je, ma charmant’, faut pas vous désoler.
J’possèd’ de Laur ent tas et lui montrant mes poches
Pour bien la persuader, fortement je Lescouet.
Pour un peu de Billon, nous allons ma jolie,
Déjeuner, voulez-vous, y a du Lar chet l’bistro
Et du Colin superbe, un Beau-Jard quelle envie
Comm’dessert, un fromage Aubry un bon morceau
Mangin peu, il le faut, ça met le cœur en fête
Mais je fus vit’ grisé par l’bon vin du Vigneron
Legay soleil d’été me fit perdre la tête
Hecquet qu’tu veux mon pèr’, j’n’avais plus Malraison !
Je lui pris un baiser, assis au pied Delarbre,
Gar-in peu qu’ell’ me dit, il faut bien Mauchauffé.
Aumignon, j’vous préviens, je suis comme le marbre
Du fruit défendu, Gérard rement abusé !
J’la conduisis chez moi et montant dans Lachambre
Comme à la queue Leleux par derrièr’ j’la suivis
Ell’ Levet son jupon et je vis couleur d’ambre
Ses Baquet l’avait mis faisaient beaucoup de Ply.
Puis je pris dans mes bras Leblanc corps de ma belle
J’Lendormi sur mon cœur, ell’ se mit à s’pâmer !
V’là qu’ell’ Person sang-froid, alors sur la Donzelle
J’Lancelot qu’était près d’moi, vite ell’ fut Reveillé
J’aurais pu être heureux, Mainon la s’main’ dernière
J’Hucher de ma détresse, quand un Martin je vis
Qu’ Jave lot mal partout, hélas quelle misère
La ross’ m’avait foutu la danse Desingly.
BAQUET, café rue Chanzy |
LESCOUET, charcutier |
BILLON, propriétaire de la maison close |
MARCHAND, notaire |
COLIN, responsable usine des eaux |
MAUCHAUFFE, garagiste |
DESINGLY, vélos et bric à brac |
PERSON, correspondant SNCF |
HECQUET, assureur |
POUGNAN, maire |
JAVELOT, boulanger |
REVEILLE, café avenue Victor Hugo |
LANCELOT, plombier |
SERET, commerçant rue Chanzy |
LEGAY, marchand de chaussures |
TOURON, location de calèches |
LENDORMI, vendeuse petit bazar |
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