L’illustre TAINE est né à Vouziers, dans l’Argonne ardennaise, le 21 avril 1828. Son père, alors avoué-plaidant, occupait le premier étage d’une maison sise au coin des rues dénommées actuellement rue Chanzy et Rue Avetant. Sur la façade du numéro 30, on remarque une plaque en marbre noir portant en lettres dorées l’inscription suivante : Hippolyte-Adolphe TAINE de l’Académie Française est né dans cette maison, le 21 avril 1828.
En 1834, Monsieur TAINE père devint locataire de la maison du maître de pension Courboulis. C’est dans cet établissement que le futur écrivain apprit à lire. Plus tard, Monsieur PIERSON, acquéreur de la pension, devint le second instituteur du philosophe d’avenir. De cette époque, les condisciples de l’ancien externe ont conservé du critique le souvenir d’un travailleur infatigable, d’un bon camarade au caractère égal et ouvert. Lorsque Monsieur TAINE père mourut, son fils fut envoyé à Rethel, chez un vieux prêtre. Il ne s’y plut pas, revint à la maison et y reçut les soins de ses deux tantes paternelles et les leçons de son oncle maternel, Monsieur BESANEON. Dans la suite, il entra comme élève au lycée Bonaparte, à Paris et obtint, en 1847, le prix d’honneur de rhétorique. En 1848, il est reçu premier à l’Ecole normale ; au cours des études qu’il y fit, la sûreté de son jugement et la haute portée de son intelligence étaient si universellement reconnues que ses camarades, s’inclinant devant sa supériorité, ne l’appelaient que Monsieur TAINE et le prenaient pour juger lorsque s’élevaient entre eux quelques contestations.
A la sortie de l’Ecole normale, placé dans l’Université, il est sujet à des tracasseries nombreuses ; il donne sa démission de professeur, quitte la province et revient à Paris. Adepte du positivisme, partisan de la doctrine qui fait dépendre les sentiments de l’organisation et du système nerveux, il suit assidûment, durant trois années, les cours du Muséum et de l’Académie de Médecine.
A titre d’écrivain, il débute dans la Revue de l’Instruction publique et ne tarde pas à avoir sa place marquée à la Revue des Deux-Mondes et au Journal des Débats. En 1854, paraît son premier ouvrage de longue haleine : Tite-Live, couronné par l’Académie française. Puis c’est une suite ininterrompue de travaux, où les chefs-d’œuvre succèdent aux chefs-d’œuvre. Parmi ceux-ci, nous signalerons dans leur ordre chronologique : 1855 - Voyage aux eaux des Pyrénées, où l’on découvre le poète riche d’animation, l’habile peintre des paysages, le profond observateur et le conteur aimable et enjoué. 1856 - Philosophes français au XIXème siècle, où toutes les doctrines philosophiques régnantes furent successivement immolées sur l’autel du bon sens avec l’arme du ridicule. 1857 - Vie et Opinions de Thomas Graindorge, critique humoristique de la société parisienne. 1863 - Ecrivains actuels de l’Angleterre, modèle de fine observation, d’érudition galante, soutenu par un rare mérite de style. En 1864, paraît une œuvre capitale : l’Histoire de la Littérature anglaise, vaste trésor de connaissances solides et de jugements remarquables. L’année 1870 voit paraître l’Intelligence, le livre de TAINE philosophe. Enfin, de 1871 à 1873, il prépare ses Origines de la France contemporaine, travail colossal dans lequel il ne craint pas de juger sévèrement le régime jacobin ainsi que Napoléon 1er.
En 1878, TAINE entrait à l’Académie française. Il meurt en 1893, demande des funérailles protestantes et laisse le souvenir d’un écrivain au style imagé, vif, rapide et d’un penseur de premier ordre. On reproche à TAINE d’avoir oublié Vouziers, sa ville natale. Par contre, celle-ci ne l’oublia pas, car en 1905, le 24 septembre, le buste du philosophe y fut solennellement inauguré, sous la présidence de Monsieur DUJARDIN-BEAUMETZ, alors sous-secrétaire d’Etat aux Beaux-Arts.