C’est ainsi que le Comité des Jeunes avait intitulé l’invitation adressée pour le dimanche 18 mai 2003 aux habitants de cette sympathique localité et des environs. Ce programme a rencontré un plein succès.
La matinée débuta par la traditionnelle cérémonie au monument aux morts, symbole du martyr enduré par la commune et ses habitants pendant la Grande Guerre 1914-1918. La messe qui suivit revêtait un caractère particulier : elle marquait le soixante-quinzième anniversaire de la « nouvelle » église, ouverte au culte le 9 avril 1928, après sa reconstruction complète sur l’emplacement de l’ancienne, suivant un même schéma aux dimensions plus modestes.
Après le verre de l’amitié s’ouvrait à la salle des fêtes une exposition montrant l’évolution de la commune et de son patrimoine au cours des siècles récents. Photos, vieux outils, vieilles pierres, liste des anciens maires, articles nombreux et panneaux explicatifs, fruits de l’informatique soigneusement disposés sur des tréteaux, illustraient l’évolution de l’habitat et des activités locales au cours de différentes périodes. Quoi, de la vigne à Servon ?
L’animation dura tout l’après-midi, entretenue par l’évocation de souvenirs, les commentaires échangés entre les nombreux visiteurs, habitants de la commune anciens ou récents, amis des villages voisins.
Cette journée donna l’occasion de rappeler que la commune actuelle résulte de la fusion de deux constituants, Servon et Melzicourt, intervenue en 1843. Mille ans auparavant, au partage de l’empire de Charlemagne, décidé par le traité de Verdun, Servon devint le dernier village à l’ouest de la Lorraine soumis aux seigneurs de Clermont-en-Argonne et de Vienne-le-Château, alors que Melzicourt se trouvait à l’extrémité est de la Champagne. La frontière était alors constituée par la rivière Aisne, depuis le confluent de la Biesme, entre Vienne-la-Ville et Saint-Thomas, jusqu’au nord de Servon.
Chacun des deux villages avait son église, datant du XIIIème siècle. Celle de Melzicourt, dédiée à Sainte Marie-Madeleine, était abandonnée en 1789 pour cause de vétusté. Celle de Servon, dédiée à Notre-Dame de la Compassion, fit l’objet de travaux aux XVème, XVIème et XVIIIème siècles. Son clocher, incendié en 1779 fut rebâti. Elle conserva jusqu’en 1914 son aspect monumental et sa silhouette élancée.
Devenue le point de mire de l’artillerie française postée à Saint-Thomas, elle se trouva réduite en quatre ans à l’état de tumulus truffé d’observatoires allemands. En 1918, la question se posa de savoir si Servon, village anéanti, pourrait jamais revivre. Le défi fut bientôt relevé.
La nouvelle église a été régulièrement entretenue. Une réfection du clocher, commencée en 1984, fut couronnée par la pose d’un coq rutilant en 1996. Malheureusement, des épreuves allaient suivre. La tempête du 26 décembre 1999 provoqua, outre la chute de pierres du haut des piliers extérieurs, des dégâts sensibles à la toiture. Le 2 juillet 2000, des grêlons mitraillaient les vitraux de la façade nord. Les réparations nécessaires devraient intervenir prochainement.
Si ces travaux marquent le souci de pérenniser l’édifice culturel, la paroisse elle-même a connu, comme tant d’autres, de profonds changements dus à la dépopulation des campagnes et au manque de vocations religieuses.
Après 1920, deux prêtres se sont succédés à la cure de Servon, à laquelle étaient alors rattachés les villages voisins de Binarville et de Saint-Thomas : l’abbé LECOCQ, jusqu’en 1933, puis l’abbé HIRCQ, jusqu’à son décès en 1975. L’abbé GANDON, aujourd’hui en retraite active, fut alors chargé du secteur de Vienne-le-Château, avec sept clochers. En 1997 fut créée une paroisse encore plus vaste dénommée « Argonne Nord » confiée à l’abbé COLOMBAR. Elle regroupe dix-sept communes : Berzieux, Binarville, Cernay-en-Dormois, Fontaine-en-Dormois, Gratreuil, Malmy, Massiges, Minaucourt, Moiremont, Rouvroy-Ripont, Saint-Thomas, Servon-Melzicourt, Vienne-la-Ville, Vienne-le-Château, Virginy, Wargemoulin et Ville-sur-Tourbe où se trouve la cure. La population totale se monte à quelque deux mille habitants.
Pour épauler les prêtres, des laïcs assument un certain nombre de tâches matérielles et spirituelles, sous l’impulsion du « conseil pastoral » et d’une « équipe de conduite » installée en 2002 par Mgr LOUIS, évêque de Châlons-en-Champagne. Sans oublier une excellente chorale.
Devant l’intérêt suscité par l’initiative du Comité des Jeunes de Servon-Melzicourt, on ne peut que souhaiter la voir reprise en d’autres communes de cette partie de l’Argonne.