Leur mission.
---------Prendre contact avec l’armée pour rétablir l’ordre et la discipline, reconnaître les causes qui avaient empêché la formation et l’armement des bataillons, prendre tous les moyens possibles pour accélérer l’un et l’autre, surveiller le mode qui serait pris désormais pour procéder à la réforme des volontaires qui ne se trouveraient pas en état de porter les armes. Ils étaient autorisés à faire, pour l’exécution des lois sur la formation, l’armement et l’approvisionnement des bataillons, toutes les réquisitions et à prendre toutes les mesures qu’ils croiraient nécessaires. On donnait aux représentants les pouvoirs les plus étendus. D’autre part, ils devaient surveiller les généraux, encourager le soldat, proclamer la République dans les camps et accélérer la retraite des ennemis du sol de la patrie. En un mot, délivrer le territoire.
Le début de la mission. Du 24 au 29 septembre.
---------Ils partirent le jour même, 24 septembre, de Paris. A Meaux, ils prirent l’état des forces du camp et donnèrent l’ordre au général d’Eglantine de diriger sa cavalerie sur Châlons. A la Ferté sous Jouarre, ils orientèrent le chef du 9ème bataillon de Seine et Oise vers Reims, où ses troupes étaient cantonnées. Le 25 septembre ils sont à Château Thierry où ils stoppent les services médicaux de Dumouriez qui avaient évacué Châlons sur Marne et se dirigeaient vers Paris, répandant l’esprit de défaite.
---------Le 26, à Dormans et Epernay, ils rassurent les populations et s’opposent au déplacement des autorités départementales vers Sézanne.
---------Le 27 au matin ils sont à Châlons où ils sont accueillis par des acclamations qui s’adressent particulièrement à Prieur qui est là chez lui : c’est leur député. De là, ils vont organiser le camp de l’Epine, ordonnent l’habillement de deux milles volontaires, qu’ils dirigent vers Sainte Ménehould.
---------Ils organisent, avec l’aide des municipalités, des paysans et des gendarmes, la défense des villages riverains de la Marne et de la Suippe qui redoutent les incursions des troupes ennemies, précaution que la retraite des armées alliées allait rendre inutile. En effet, le surlendemain, ils étaient informés que le général Beurnonville harcelait les Prussiens décimés par la maladie et le manque de vivres.
Les conventionnels en Argonne.
---------Le 30, ils se dirigent vers Sainte Ménehould. Délaissant l’armée de Kellermann qui se trouvait à Dampierre sur Auve, qu’ils se promirent de visiter au retour, ils passent en revue l’armée de Dumouriez, située entre Dommartin la Planchette et Braux Sainte Cohière. Prieur, très éloquent avec sa voix de stentor, s’efforçait de transmettre son enthousiasme patriotique aux soldats. Il était aidé en cela par sa popularité parmi ces populations qu’il connaissait et qu’il avait contribué à recruter et à enrégimenter, un mois auparavant comme substitut du procureur général syndic du département de la Marne. Comme, dans les rangs, quelques officiers murmuraient : « Pour qui donc allons-nous désormais nous battre ? » “ « Vous vous battrez pour vos foyers, pour vos femmes et vos enfants, pour la Nation, pour la République, leur répondit-il, et si, continua-t-il, vous n’avez pas l’intention, si vous ne vous sentez pas le courage de défendre une si noble cause et de combattre pour elle, retirez-vous ! ». Puis s’adressant aux soldats, il ajouta « que depuis quatorze siècles, la tyrannie pesait sur leur tête, que le jour était arrivé ou la nation française devait donner un grand exemple à tous les peuples opprimés, qu’elle avait aboli la royauté et s’était constituée en République, que dorénavant, l’égalité entre tous les citoyens serait la base du gouvernement qu’on allait établir, que la loi seule commanderait ! » et leur montrant le camp du roi de Prusse situé à une lieue : « Voici, braves citoyens, dit Prieur, ces tyrans qui voulaient nous opprimer ; nous comptons sur votre courage et sur votre haine pour eux ! » Des cris de « Vive la Convention ! Vive la République ! » accueillirent cette harangue enflammée et annoncèrent aux ennemis qu’ils ne devaient attendre aucune capitulation.
---------Le même soir, les Prussiens quittaient les plaines de la Champagne où ils se trouvaient isolés et commençaient leur pénible retraite vers la frontière, poursuivis par les généraux Beurnonville et Dillon qui, par de fréquentes escarmouches, augmentèrent encore leur détresse en faisant sans cesse des prisonniers et en interceptant leurs convois de vivres et d’effets.