---------En forêt de Monthiers, une croix dressée au bord de la petite route qui relie le Châtelier à la voie romaine Reims - Bar-le-Duc, interpelle le promeneur :
---------« Le 29 octobre 1879, Eugène MURATON, âgé de quinze ans et demi, tué à cet endroit à son travail, scieur en long. Né à Charmont “ Prions Dieu pour lui »
---------En lisant cette inscription, comment ne pas imaginer le drame, dans le bois, là, tout près
---------Scieur de long un métier dangereux, pénible, qui exigeait robustesse et précision et qui n’a disparu qu’à la fin des années 1950. Ces ouvriers, très spécialisés, étaient toutefois un peu mieux payés que les bûcherons.
---------Beaucoup, parmi eux, étaient étrangers : Espagnols, Portugais, Polonais, Yougoslaves ou Italiens, renommés pour leur habileté.
---------Les scieurs de long travaillaient par équipe de deux ou trois. Ils débitaient des billes [1] entières de hêtres, ormes, acacias, frênes, charmes et surtout chênes. Ils en faisaient des poutres, des madriers, des planches ou des traverses de chemin de fer. La demande pour ces dernières était forte et permettait plus facilement l’utilisation des bois mitraillés. Les cœurs des troncs des ormes et des frênes étaient réservés aux limonières [2] qui devaient être très solides ? Le châtaignier, assez rare en Argonne, servait plus particulièrement pour les charpentes, car son bois a la propriété d’éloigner les insectes.
---------Le travail se faisait sur le lieu même de la coupe, ce qui évitait débardage et transport des grumes, problématiques à l’époque, mais obligeait à loger sur place pendant la durée du chantier.
---------Les scieurs fabriquaient sur place le chevalet, appelé aussi « chèvre » sorte d’échafaudage destiné à recevoir la bille à débiter. Il était formé d’une grande pièce de bois, la coulette [3], reposant à l’une de ses extrémités sur trois pattes d’environ 1m80 de haut et l’autre sur le sol.
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