Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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LA FUITE DU ROI LOUIS XVI VUE DE PARIS



---------Notre Président d’honneur, Gérard MOURLET, s’est rendu acquéreur d’une collection du journal « Le Patriote Français », d’avril à juillet 1791. L’intense vie politique de cette période où la révolution est en marche, va voir se multiplier les journaux tant locaux que nationaux, qui vont diriger l’opinion : à droite « Les Actes des Apôtres » du spirituel RIVAROL, à l’extrême gauche « l’Ami du Peuple » de MARAT, qui soupçonne partout la trahison.
---------« Le patriote Français » est fondé en avril 1789 par BRISSOT. Tout d’abord interdit, il reparaît deux mois plus tard. Il est considéré comme l’organe des Girondins. BRISSOT, journaliste pamphlétaire, fut enfermé en 1784 à la Bastille, pour un écrit contre la Reine. Fervent militant de l’émancipation des noirs, il est élu député à l’assemblée législative. A la convention, il est député d’Eure-et-Loir et considéré comme un des chefs du parti girondin. Mis en accusation en 1793 pour avoir participé à l’insurrection fédéraliste, il sera guillotiné.
---------La lecture du journal de BRISSOT nous montre que cette fuite à Varennes est vraiment un tournant primordial dans l’histoire de la Royauté en France. La veille de cette fuite, les élus réaffirment leur attachement au Roi, souhaitant qu’il soutienne les acquis de la Révolution et, surtout, reste à Paris, au milieu de son peuple. Après Varennes, la confiance est brisée, la royauté remise en cause. De souverain, Louis XVI est maintenant devenu un accusé.
---------On remarquera aussi que la narration des événements se passant en Argonne est des plus fantaisistes et que le nom de DROUET n’est même pas cité. Si l’on doit encore aujourd’hui lire la presse avec doute et esprit critique, cette démarche prudente était des plus nécessaires à cette époque.

F. DUBOISY
Numéro 622

LE PATRIOTE FRANEOIS
Une gazette libre est une sentinelle qui veille sans cesse pour le peuple

Du vendredi 22 avril 1791


---------Projet d’adresse au Roi, qui devoit être lu à l’assemblée nationale par M. PETION, si la discussion eût été ouverte sur le discours du Roi.
---------« Un événement douloureux afflige et consterne les représentants du peuple François. Votre départ [1] L’autorité militaire, qui commandoit au nom du pouvoir civil, a été désobéie par les militaires, entraînés par les mêmes inquiétudes, etc
---------Eh ! Peut-on être surpris que le peuple témoigne de si vives sollicitudes sur son Roi, redoute de le voir s’éloigner de la capitale, lorsqu’il se rappelle tant de complots récemment avortés, dont l’objet criminel étoit de l’arracher à ses serments, pour en faire le vain fantôme d’une poignée de factieux ; lorsqu’il le voit environné d’ennemis de la révolution, qui ne cessent de l’obséder de leurs discours impies contre la constitution, qui tentent les manœuvres les plus sacrilèges pour la renverser, et qui, malgré leurs coupables desseins, sont accueillis dans les lieux même qu’habite le Roi de la constitution
---------Ah ! Sire, ce peuple qu’on a tant calomnié a le sentiment profond de ses droits et de ses besoins ; il sait combien votre présence est utile à l’achèvement de la constitution ; il sait que cette constitution a marqué votre place à côté de l’assemblée nationale. Eh ! comment ne doit-il pas craindre votre éloignement ?
---------Peuvent-ils être les ennemis de votre personne, ces citoyens que votre éloignement alarme ? Pourquoi le craindroient-ils, s’ils ne vous étoient pas attachés, s’ils n’aimoient pas à voir en vous le chef à qui la constitution a confié le pouvoir exécutif suprême ? Ceux-là seuls sont vos ennemis qui travestissent ces mouvement en délits, ces défiances en outrages ; qui, envenimant les actions et les discours du peuple, cherchent à semer la division entre vous et lui ; qui vous conseillent de dédaigner ses plaintes, et d’aller, loin de lui, jouir d’une liberté, d’un repos que les circonstances et vos serments condamnent.

Du mercredi 22 juin 1791 “ n°683

---------A l’ouverture de la séance, M. le Président a annoncé la fuite ou l’enlèvement du Roi et de sa famille.
Sauvons la patrie, a dit M. CAMUS ; ses destins reposent sur nous ; que toutes les gardes nationales du royaume soient averties, par des courriers dépêchés à l’instant, d’arrêter les perfides qui enlèvent le Roi ; que la garde de l’assemblée soit doublée. Décrété.
---------On réserve de prononcer sur une idée de M. CUSSY, qui proposoit d’avertir les municipalités voisines par des coups de canon, et de faire répéter ces signaux par toutes les villes. M. le Président annonce qu’un aide de camp de M. LA FAYETTE, M. ROMEUF, dépêché, ainsi que plusieurs autres, pour courir à la découverte du Roi, avoit été arrêté à la sortie de Paris par le peuple, qui venoit de l’amener à l’assemblée.
---------M. ROMEUF, admis à la barre, lit l’ordre de M. LA FAYETTE. Le général y conjure tous les François, au nom de la patrie, de donner renseignements et secours à son envoyé, pour ramener la personne sacrée du Roi. J’en prends, dit M. LA FAYETTE, toute la responsabilité sur ma tête, en attendant que l’assemblée nationale y pourvoye.

Notes

[1Il s’agit de la volonté du Roi de se rendre à St Cloud, le 18 avril, pour faire ses Pâques. La foule qui redoute la mise en œuvre du projet de fuite du Roi, dont on parle dès l’été 89, s’y est opposée. a jeté la consternation dans la capitale ; effrayé des conséquences, le peuple s’y est opposé.

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