Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La page du sourire

FAUTE DE GRIVES, ON MANGE DES MERLES

   par Luc Delemotte (dessin)



---------L’adage dit que faute de grives, on mange des merles. A savoir que, si on ne peut se procurer le luxe, on doit se contenter du disponible. La maxime est connue. Il existait des argonnaises peu scrupuleuses qui ont même cru pouvoir, un jour d’été du milieu du XIXème siècle, remplacer les turdidés par d’autres oiseaux, en l’occurrence quelques geais par une poule. La substitution aurait pu donner naissance à une nouvelle recette de pâté argonnais. C’était compter sans la perspicacité et le sens du devoir du maire de la Neuville-aux-Bois. En effet, dans son enquête, le premier magistrat de la commune devait constater le vol de la poule de la voisine et dénoncer la supercherie. L’histoire, reproduite ici in extenso du Journal de la Marne, imprimé le 3 août 1849 à Sainte-Ménehould, ne précise pas qui, pour la fin, a mangé le fameux pâté : la voisine volée, le maire ou le juge ? Les voleuses furent-elles condamnées à une peine dont la sévérité serait appréciée par un autre maire, justicier, celui du Neuilly actuel ?
---------Le 29 juillet 1849, Françoise BOURGEOIS, femme GUILLET, de la Neuville-aux-Bois, constatait la disparition de l’une de ses poules. Cette femme a pour voisines Augustine BOURLON, femme BOURGUIGNON, et sa mère, Madeleine JANSON, veuve BOURLON. Le lendemain, ces deux dernières faisaient cuire un pâté, ce qui éveilla les soupçons de la femme GUILLET. Elle porta plainte et le maire de la commune se transporta au domicile des deux voisines qui, sur ses interpellations, répondirent qu’en effet elles avaient fait un pâté, mais qu’il n’était composé que de viande de veau ; le maire ne se contenta pas des allégations des prévenues et se fit présenter le pâté en question. Ouverture en fut faite et le magistrat constata qu’il contenait non seulement du veau, mais encore une autre viande qui avait toute l’apparence de celle de volaille ; les deux commères lui dirent alors qu’elles avaient déniché des geais et que quelques-uns de ces oiseaux avaient été mis en pâté. Ces explications, qu’on lui donnait d’un air embarrassé, ne convainquirent pas le maire, qui s’empressa d’opérer la saisie du pâté et de l’envoyer, comme pièce à conviction, au greffe du tribunal, en l’accompagnant d’un bon procès-verbal. Dès l’année dernière, la veuve BOURLON avait déjà été vue prenant une poule de la femme GUILLET, et la cachant sous son tablier. En conséquence, la femme BOURGUIGNON et la veuve BOURLON sont prévenues d’avoir, en 1848 et en juillet 1849, soustrait frauduleusement des poules appartenant aux époux GUILLET. A l’audience, ces deux femmes viennent soutenir le système de défense adopté par elles, mais l’ouverture du pâté prouve que c’est une poule dépecée et non des geais qu’il contient et le tribunal, tout en acquittant la femme BOURGUIGNON, condamne la veuve BOURLON à trois mois d’emprisonnement.




DANS LE PROCHAIN NUMERO
N°19 - Avril 2003



---------- L’Argonne au musée de Londres,
---------- Le pied de cochon à Sainte-Ménehould,
---------- La boxe à Sainte-Ménehould à la fin des années 1940,
---------- Vie et mort de Sainte Cohières,
---------- Et nos rubriques habituelles

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