Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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ILS TRAVAILLAIENT CHEZ BUACHE APRES LA GUERRE

   par François Duboisy



---------Et si l’on parlait, pour une fois, de ceux qui ne faisaient pas les premières pages des gazettes locales, qui restaient éloignés des mondanités, que l’on voyait rarement à l’avant scène : les ouvriers du bâtiment.
---------On sait que la construction (on devrait dire la reconstruction) était la première activité économique de la cité, il y a un demi-siècle. Les deux guerres mondiales et leur cortège de destructions avaient « dopé » ce secteur d’activité. Les entreprises étaient nombreuses (voir le répertoire de Henri JEAN-BAPTISTE) et de tailles fort diverses. Il s’y était instauré progressivement des habitudes et des traditions. Une hiérarchie très précise (chef de chantier “ ouvrier hautement qualifié “ qualifié “ spécialisé “ apprenti) et à chaque grade correspondait des tâches bien précises. C’était un univers d’homme rude, où les rapports étaient sans fioriture. En ce temps là où régnait le plein emploi, on n’hésitait pas à changer d’entreprise pour une incompatibilité d’humeur ou un refus d’augmentation. On « demandait son compte », on prenait sa caisse à outils et le lendemain on embauchait ailleurs.
---------Tous ces ouvriers étaient durs au travail, soucieux de qualité, résistant aux intempéries (seul le gel les arrêtait). Soulignons le travail des terrassiers (souvent bûcherons l’hiver, terrassiers l’été) qui, à la force des bras, creusaient les fondations. Certes, la gaize n’a pas la dureté du granit, mais il fallait tout de même ne pas répugner à cracher dans les mains. Ils ont ainsi, par deux fois, avec les moyens qui nous semblent aujourd’hui rudimentaires, reconstruit Menou et les villages alentour.
---------Quant à la formation, elle se faisait sur le tas : ni centre de formation, ni C.A.P. Les anciens, dépositaires d’un savoir-faire empirique, le transmettaient aux apprentis.
---------Un mal frappait le monde du bâtiment : l’alcoolisme. Si tous n’étaient pas frappés, beaucoup étaient menacés. Il était de tradition de boire parce que le vin avait la réputation de convenir aux travailleurs de force. Le ravitaillement était fait par un ouvrier appelé « le mousse ». Tout était occasion d’arrosage et le casier de « Sénéclause » ou de « Royal Josetti » faisait partie du décor. Trop nombreux étaient les ouvriers qui n’atteignaient pas l’âge de la retraite.

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---------Michel BUACHE nous a confié le registre du personnel de son entreprise, ouvert en 1945 (l’entreprise est bien plus ancienne), qui permettait de répertorier tous les employés.
---------Rendu obligatoire par le décret du 23 août1945, il s’inscrit dans une politique de meilleure protection des salariés, en précisant leur présence dans l’entreprise, leur qualification (et par-là même le salaire précisé dans le cadre des conventions collectives et la protection sociale). Cette réglementation, qui avait aussi comme objectif de lutter contre le travail au noir (déjà) confortait les acquis du front populaire et reprenait une mesure préconisée par le Conseil National de la Résistance. Pendant la guerre, cette instance a établi le programme politique que le gouvernement De Gaulle appliqua (Alexandre PARODI étant Ministre du travail).
---------En feuilletant ce registre, nous avons relevé quelques noms de « vieux argonnais » qui raviveront bien des souvenirs chez certains.

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