Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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ECHOS DE LA GRANDE GUERRE EN ARGONNE

   par Roger Berdold



---------- Le Kronprinz “ Que faites-vous des réservistes et des territoriaux ?
---------- Le Prisonnier “ Une partie des réservistes sont avec nos troupes et le reste est employé dans les autres services. Quant aux territoriaux, très peu ont été mobilisés jusqu’à présent.
---------- Quel est le but de l’armée française ?
---------- Notre but est, avant tout, de vous chasser en Allemagne. Ce que nous ferons après, nous ne le savons pas, cela dépend des plans du grand quartier général.
---------Le Kronprinz demanda alors si le prisonnier n’avait aucune faveur à demander et celui-ci lui dit qu’il serait heureux d’avoir son bras pansé ou d’être mené à l’ambulance la plus proche. Il savait que l’ambulance la plus rapprochée était à Sainte-Ménehould et que, s’il y était transporté, il avait la chance d’être délivré par les Français qui s’avançaient dans cette direction.
---------Ses prévisions se réalisèrent, car le Kronprinz ayant accédé à sa demande et l’ayant fait transporter à Sainte-Ménehould, les Français arrivèrent dans la ville deux heures plus tard. Les Allemands s’enfuirent au plus vite et le sous-lieutenant recouvra sa liberté.

UNE EXECUTION CAPITALE MOUVEMENTEE
en Argonne, au printemps 1916


---------Notre camarade, F. SORGNIARD, d’Angers, dont nous avons publié plusieurs écrits, nous a adressé ce douloureux récit d’une exécution capitale qui faillit être interrompue par un bombardement allemand. Hélas, le condamné, ayant échappé aux bombes, ne pouvait éviter la rigueur d’un jugement. C’est le célèbre aumônier, le P. UMBRICHT, qui, une fois de plus, accompagnait le condamné à son supplice.
---------Je n’ai pas été témoin direct de ce drame. Il ne m’a pas moins profondément troublé et j’en garde un pénible souvenir.
---------C’est en Argonne, en 1916.
---------Alors que le printemps commence à sourire et que la nature se réveille à la vie, la mort attend au coin de la forêt et va porter un coup lamentable.
---------Un commandant de compagnie d’un régiment de la division constate l’absence d’un homme au moment de sauter le parapet pour une attaque. Le disparu est retrouvé assez loin en arrière, l’air hébété.
---------Il déclare avoir quitté en fraude la tranchée pour aller chercher du vin à la coopérative de la Croix-Gentin et qu’il s’est perdu dans la forêt. Peut-être avait-il un peu bu
Mais pour le Conseil de Guerre, c’est une explication sans valeur et il est condamné à mort.
---------Le jour venu, il est là ; immobilisé à son poteau ; au milieu de la clairière, dans l’attente de l’instant fatal, alors qu’à ses côtés l’aumônier de la division, le Père UMBRICHT, s’emploie à le réconforter.
---------Le détachement réglementaire est en place. Le greffier lit la sentence.
---------Un ordre retentit « Arme sur l’épaule droite » en même temps qu’un coup de clairon sonne l’alerte aux avions. Tout le monde se précipite vers les abris, alors que le condamné à mort qui a les yeux bandés et ne possède peut-être pas tous ses esprits ne semble pas comprendre ce qui se passe. Il interroge : « Est-ce ma grâce ? »
---------L’alerte ne dure que quelques minutes, mais combien longues pour le malheureux que l’aumônier n’a pas quitté.
---------Plus tard, le Père UMBRICHT confiera à un ami : « Pendant que les bombes tombaient tout autour de nous, je priais Dieu que l’une d’elles vînt nous écraser et ainsi mettre fin à ce calvaire ».
---------Mais rapidement les troupes reprennent place. Le peloton met en joue. Un sabre s’abaisse. Une détonation sèche retentit. C’est fini.
---------Plus d’un assistant essuie une larme et certains s’indignent de la rigueur d’un officier qui quelques jours plus tard sera muté.
---------Oui, la loi est dure, elles est même parfois cruelle.

F. SORGNIARD
(L’Almanach du Combattant)

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