---------Jeannine CAPPY est en vacances. Vous la retrouverez dans le prochain numéro. C’est Michel LESJEAN qui assure l’intérim.
LE PETIT HARICOT DE CHAUDEFONTAINE
---------Ce flageolet au goût exquis et très fin a rendu célèbre depuis les temps anciens le terroir de Chaudefontaine. Il était surtout récolté dans les nombreux jardins familiaux dispersés dans la cuvette alimentée par les nombreuses sources et les alluvions de la rivière l’Aisne.
---------Ce flageolet, [1]. Mon oncle Marcel [2] me le rappelait : une partie de la récolte produite dans les différents jardins de la famille était vendue sur le marché de Sainte-Ménehould. Dès l’âge de douze ans, le petit Marcel poussait la brouette chargée de légumes et son arrière-grand’mère, la mère Lalie MARGAINE, portait la hotte contenant les fameux haricots. La côte menant à « Menou » était dure, mais comme il me le disait, la mère Lalie était encore plus dure ! Heureusement, en haut de la côte, avant le virage, il y avait un banc sous un grand accacia. La mère Lalie consentait à un petit arrêt. Mais bien vite il fallait repartir pour ne pas louper les clients ; enfin, dès le virage, c’ était la descente jusqu’au marché.
---------Il n’y a pas si longtemps, lors de la traversée du village, on pouvait encore apercevoir, accrochés aux poutres des pignons, protégés de la pluie, les plants d’haricots regroupés en bottes. Après séchage, le petit flageolet devient le fayot [3].
Dans mes souvenirs de jeunesse, pendant les années 1945/1950 à Suippes, la partie de « foot » du jeudi après-midi avec les copains était subordonnée à la corvée de « petit bois pour la semaine » et à « l’écossage » des haricots secs. Que d’ongles retournés et de coupures aux doigts ! Car, natif de Chaudefontaine, mon père René avait exporté cette méthode à Suippes, où les haricots séchaient dans un vieux grenier ouvert à tous vents.
---------Une énigme que je souhaiterai résoudre, est de retrouver la fameuse recette de la « Galette aux Fayots » de Chaudefontaine. Certainement que Jeannine CAPPY pourrait éclairer ma lanterne ! Car à voir la mine réjouie des anciens, je me demande si ce n’était pas une farce, le jour où l’on recevait le cousin de la ville ou le Parisien en vacances à Chaudefontaine ? A mon avis, c’était peut-être l’occasion de sortir une bouteille de « derrière les fagots » du petit vin de pays, car cela devait être bien bourratif !
---------Le petit vin a disparu, mais le petit flageolet a survécu. Nous avons eu l’occasion de retrouver de la graine, offerte aimablement par une dame née LAMBERT (habitant près de la mairie) ; mais, malheureusement, la graine n’a pas prospéré dans notre jardin du sud de l’Ardenne, le sol trop argileux n’a pas convenu.
---------Quel parfum se dégage et vous chatouille les papilles avec le fumet d’un gigot d’agneau (ou d’un lapin, ou d’une poule de son élevage) cuisant dans un plat au four, accompagné de celui des patits flageolets mijotant au coin de la vieille cuisinière et accueillis par notre grand’mère Blanche, lors de la visite dominicale ! Une image, une senteur vieille de soixante ans qui restent dans mes souvenirs.
---------Bon appétit à « Tortout » [4]
Michel LESJEAN