Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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La vigne à Chaudefontaine.

   par François Duboisy



           En 1896, donc douze ans plus tôt, le conseil municipal constate que le vignoble, de plus en plus restreint, ne rapporte plus et demande la diminution des taxes qui lui sont imposées par un déclassement.

          En 1899, sur l’initiative de l’état, il est proposé de créer des pépinières communales pour « reconstituer le vignoble en plans américains et se prémunir du phylloxéra ». Seuls sont considérés comme calamités l’oïdium et le mildiou, assez destructrices pour décourager le conseil et les propriétaires de vignes de se lancer dans cette aventure. La vigne n’a plus aucune importance, et un an plus tard, le gel ayant ravagé totalement la vigne, le conseil demande au Préfet « de bien vouloir faire obtenir aux sinistrés la remise totale des impôts qu’ils ne pourraient payer cette année qu’au moyen de lourdes privations. »
          En 1901, c’en est fini du vignoble. Alors, après d’autres, je déclare le phylloxéra non coupable des méfaits qui lui sont imputés. Il n’est en rien responsable de la disparition de la vigne à Chaudefontaine.

Quels sont les coupables ?
          Le changement des mentalités. On a trop souvent l’habitude de dater les grands changements de mentalité des français de la première guerre mondiale, formidable épreuve qui va bouleverser bien des repères et brasser la population masculine. Mais c’est dès 1871 que la République, fermement installée, va engager des réformes fondamentales : instruction primaire gratuite dès 1881, obligatoire en 1882, place importante donnée au savoir (Pasteur), aux écrivains (Hugo). C’est une véritable révolution des esprits qui est en marche et pour Jacques Hussenet (Argonne, 1630-1980, Reims Gendrée 1982), « le vigneron de 1770, bien que le déplorant, s’était fait à l’idée de voir sa vigne gelée tous les trois ans. Son arrière petit-fils, confronté au même problème, en déduit que sa région est inapte à la viticulture. » Ce dernier se tournera vers d’autres productions, voire vers un autre métier.
          Le chemin de fer. Il arrive à Sainte-Ménehould, notons bien la date, en 1867. La ville sera alors reliée à Paris, mais aussi au sud de la France via Dijon, instaurant de nouveaux échanges, plus aisés, plus rapides. Ainsi arrivent en Argonne des vins du Sud de la France et d’Algérie qui seront distribués de différentes façons. Des négociants en vin (Pérard pour Chaudefontaine) réalisent des vins de coupage (80% de vins français et 20% de vins d’Algérie, dits vins médecins car gommant l’acidité) qu’ils distribuent dans des débits de boisson, épiceries et chez des particuliers. Des artisans (le sellier-bourrelier de Dampierre le Château) se font livrer directement en barriques qu’ils distribuent à leur clientèle.
          Comment voulez-vous que la piquette de Chaudefontaine ait pu résister à une telle invasion !!


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