Marie-Paule
Traversons la Biesme pour aller à la rencontre d’une charmante dame : Marie-Paule. Elle habite aux Islettes une modeste maison et vous accueille avec un sourire malicieux et quelques mots en patois. Si ce n’est une escapade à Paris dans sa jeunesse pour apprendre la couture dans une école professionnelle de renom, Marie-Paule a passé toute sa vie dans son village natal. Elle y a exercé le métier de couturière. Elle aimait tout particulièrement confectionner les robes de mariée et les chapeaux. Durant toutes ces années, elle a été très active au sein de la commune et de la paroisse. Si vous parlez à Marie-Paule d’« alexandrins », de « césure » ou d’autres termes précis de poésie, elle vous répond : « ces mots me sont inconnus, je n’ai pas fait d’études secondaires ! » Pourtant, comptez le nombre de pieds de ses vers : « Le compte est bon ! » Marie-Paule aime beaucoup la musique et le chant choral. C’est en mettant des mots sur un air qui lui trotte dans la tête qu’elle écrit ses poèmes et la magie opère ! Marie-Paule a aussi écrit des nouvelles qui sont parues dans « Les veillées des chaumières ». Toutes les histoires se passent dans les villages de la vallée de la Biesme ou dans la forêt d’Argonne car elle est très attachée à sa région.
Argonne
Argonne des printemps tu recommences à vivre
Quand avril revenu tu changes tes couleurs
Lorsque la blanche épine a poudré tes collines
Argonne des printemps tu fais battre mon cœur.
Argonne des forêts au cœur de tes clairières
Fleurit le joli bois et l’odorant muguet.
Le paresseux coucou lance ses notes claires
Les trompettes des grues agitent leurs plumets.
Argonne des étés inondée de lumière
Les lourds épis de blé mûrissent au grand soleil.
La joyeuse alouette nichant dans la jachère
Chante son « grisolli » en s’élevant au ciel.
Argonne de l’automne parée de tes dorures
Au bord de tes étangs vient bramer le grand cerf.
Les sources et les rus ne sont plus qu’un murmure
Le chemin sous les chênes semble une grande nef.
Argonne de novembre et tes grands cimetières
Où sonne le clairon aux jours d’anniversaire,
Au détour des sentiers, gravée dedans la pierre
Nous lisons recueillis l’horreur de toute guerre.
Argonne aux nuits d’hiver enveloppée de bruine
Jusqu’aux beaux jours figée par la bise et le gel
Où la lune illumine ton blanc manteau d’hermine
Qui abrite en ses pans « la rose de Noël ».