5 - C’était jadis une fête chômée. M. POINSIGNON, en son Histoire de Champagne et de Brie, raconte que dans l’une de leurs incursions aux frontières de Lorraine qui émurent tant le cœur de Jeanne d’Arc, « les Anglais surprirent Sainte-Ménehould, le jour de la fête de la ville (14 octobre 1423) et firent main basse sur les friandises de toutes sortes que les habitants avaient préparées ». Si, aujourd’hui, la solennité est remise au dimanche suivant, quand la fête tombe un des jours ouvrables de la semaine, c’est en vertu du concordat de 1801 et, ce qui confirme notre thèse, par privilège des fêtes patronales.
6 - « C’est une fête double de première classe avec octave ». Cette octave est nommément spécifiée dans l’ordonnance d’ARCHAMBAULT de LAUTREC et P. TESTENOIRE a soin de nous faire remarquer qu’elle était religieusement observée de son temps. Monseigneur SOURRIEU vient, par ordonnance du 20 septembre 1892, de lui restituer son privilège, ou mieux, son droit, déclarant cette fête double de première classe avec octave pour le clergé et les fidèles de la ville de Sainte-Ménehould, et rappelant l’obligation pour les curés de cette ville d’appliquer la messe à leur peuple au jour de l’incidence.
7 - C’est la fête de la ville et de toute la ville, non seulement du groupe principal mais de toutes ses dépendances. « Le Patron d’un lieu, dit LE VAVASSEUR, est ordinairement celui de plusieurs paroisses ». Aussi lisons-nous, dans Claude BUIRETTE [3] que lors de l’érection de la Grange-aux-Bois en paroisse par Monseigneur de NOAILLES, le 16 janvier 1690, « il fut réglé que le curé de La Grange-aux-Bois serait regardé comme le premier vicaire de cette ville, qu’il viendrait tous les ans avec ses paroissiens à l’office de l’Eglise-Mère, le 14 octobre, fête de la sainte Ménehould. Ce jour-là, le curé de la Grange-aux-Bois prenait la seconde place au choeur parmi les ecclésiastiques et faisait les fonctions de diacre à la grand’messe. C’était, conclut l’auteur, de la part des habitants de La Grange-aux-Bois, venir reconnaître l’église de Sainte-Ménehould comme leur première et principale paroisse ». Nous dirons, nous, c’était venir reconnaître leur commune Patronne avec la ville dont ils faisaient partie et il ajoute : « Ils ne manquèrent jamais à ce devoir ».
Voilà donc, un siècle plus tard, le débat relancé. Est-il encore d’actualité ? Suscite-t-il des avis ? Nous serions heureux de les recueillir.
Sources : Manuel de la confrérie de Sainte-Ménehould - 1893 - Imprimeurs Martin Frères - Châlons sur Marne.
 Sainte Ménehould Côte à Vigne
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 Vierge à l’enfant Ferme de la Haute Maison
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Photos F. STUPP
Entre les deux, le cœur de la ville balance ...