Le 11/21ème R.I.C. est prêt à de nouveaux efforts ; il reste solide sur ses positions, avec un splendide moral. A 19h00, le Commandant du 11/21ème R.I.C. est appelé au P.C. du Colonel CAZEILLES, commandant le 21ème R.I.C., qui lui dit sa satisfaction et ses félicitations devant les Officiers de son Etat-Major ; mais hélas, il lui communique un ordre de repli (repli qui doit s’effectuer à partir de 21h30). De retour à son P.C., le Commandant du 11/21ème R.I.C. donne des ordres à ses Unités. Nous faisons un prisonnier à 20h00, à hauteur du P.C. du Bon.
Le décrochage, rendu très difficile par le contact de l’ennemi et l’obscurité, est terminé le 15 juin à 2h45. A 2h50, après le passage de la dernière unité de son Bataillon, le Commandant VARRIER, commandant le 11/21ème R.I.C., donne l’ordre à un lieutenant du Génie resté seul avec lui et quatre hommes, de faire sauter le pont sur l’Aisne, entre Villers-en-Argonne et Passavant. Le pont saute à 2h55.
Suivant les ordres reçus, le 11/21ème R.I.C. se porte à 15 kilomètres au Sud-Est de Villers-en-Argonne, entre Triaucourt et Charmontois Labbé. Il a pour mission de s’installer sur une nouvelle position (4 kilomètres de front).
Il s’agit encore d’une mission retardatrice, pour protéger, comme la veille, le repli d’autres unités. En bon ordre et sans à coups, le Bataillon effectue le déplacement, suivant l’horaire établi, mais avec la menace de l’ennemi, qui peut le surprendre d’un moment à un autre.
Le Commandant du 11/21ème R.I.C. ne peut citer tous les faits d’armes glorieux des cadres et hommes de son unité, au cours de la journée du 14 juin. Tous ont rempli leur devoir avec une haute conscience. Le 14 juin au soir, ils sont navrés de quitter le terrain qu’ils ont glorieusement et victorieusement défendu. Ils se sont accrochés avec opiniâtreté au sol, ils ont repoussé les violentes attaques de l’adversaire, lui ont infligé des pertes très sévères et ils ont permis, en combattant avec un magnifique esprit de sacrifice, le repli d’une grande unité (35ème D.I.) et des 1er et 3ème Bataillons du 21ème R.I.C.
La Compagnie du 18ème Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique, dont la conduite a été très belle au cours des assauts de l’adversaire, est touchée également par un ordre de repli. Elle rejoint son Bataillon au cours de la nuit du 14 au 15 juin, dans la région de Passavant.

« Ce qui restait de l’Eglise après les terribles bombardements »
Ces événements ont marqué, on le comprend, la population. Vers 1950, l’instituteur du village a fait rédiger, dans le cahier de classe, un texte intitulé « la commune à travers les guerres ». Il nous a été transmis par Raymond GERARDOT. Nous le publions sans corrections ni commentaires.
LA COMMUNE A TRAVERS LES GUERRES
Guerre de 1870 : Il est à peu près certain que la commune a été occupée par les Allemands.
Guerre de 1914 : Au cours de cette guerre, les Allemands sont restés une semaine. Ils sont arrivés un samedi et sont repartis le samedi. Au retour, un éclaireur a été tué en face l’écurie appartenant à Monsieur MAIGRET, rue de Châlons. Il fut tué par des Allemands qui étaient cachés dans les greniers du Goulet Turpin, vers minuit.
Les personnes du pays mobilisées à la gare de Villers Daucourt, au moment de cette avance allemande pour ne pas être fait prisonniers, ils enterrèrent leurs équipements militaires dans le cimetière, mirent une couronne de fleurs sur la tombe. Lorsque les Allemands repassèrent huit jours après, ils déterrèrent leurs habits et reprirent leur poste. Les troupes Allemandes pillaient pour se procurer de la nourriture.
D’autre part, les soldats Français qui cantonnaient dans le pays, mirent le feu à la maison Clément, rue de Châlons, à la suite d’une malveillance (ils avaient laissé une bougie allumée sur une poutre et la bougie communiqua le feu). Il est à noter que la population de la commune n’a jamais quitté le pays. Par suite de la proximité de front à Villers, il y avait continuellement des soldats, ce qui a permis aux habitants de faire du commerce avec eux (buvette, épicerie, restaurant).