Charles François BEAUTEMPS-BEAUPRE est né à La Neuville au Pont, le 6 août 1766, fils de François BEAUTEMPS et de Marie-Claude COLIN. Jeune enfant, il partageait les jeux champêtres de ses camarades et ses courses prolongées à travers prairies et forêts bénéficiaient du tempérament robuste de cet enfant. Un jour, cependant, il s’aventura dans le clocher de l’église et tomba malencontreusement inanimé. Heureusement, son oncle BUACHE, médecin au village, pratiqua l’opération du trépan et le sauva.
En 1776, Jean Nicolas BUACHE, alors gérant d’un magasin de géographie, sis rue Saint André des Arts à Paris (6ème), remarqua l’intelligence de son jeune cousin et l’emmena à Paris comme commis. Tout en rangeant les cartes de géographie, le jeune homme s’instruisait en géographie, en mathématiques avec BUACHE, étudiait l’hydrographie avec de FLORIEUX. Il aida son cousin à préparer le voyage de LAPEROUSE à bord de l’Astrolabe, fut reçu ingénieur en 1785 et collabora au tracé des cartes du Neptune de la Baltique sous la direction de de FLORIEUX.
En 1791, il embarqua comme ingénieur hydrographe en chef de l’expédition envoyée à la recherche de LAPEROUSE. Ces bateaux avaient quitté Brest le 1er août 1785 ; les dernières nouvelles, reçues de Botany Bay en Australie, dataient du 10 mars 1788. BEAUTEMPS-BEAUPRE embarqua à bord du vaisseau amiral « La Recherche » escorté par « L’Espérance ». Comme les bâtiments de LAPEROUSE, ces bateaux n’étaient pas adaptés au cabotage, ce qui rendait difficile l’exploration des îles du Pacifique, à la recherche des survivants du naufrage. De plus, les conditions climatiques et sanitaires faisaient beaucoup de victimes. Ainsi, l’amiral d’ENTRECASTAUX, commandant de la flotte, fut emporté en quelques jours par le scorbut. Les équipages, fatigués, mal nourris, étaient décimés par la maladie. Mais BEAUTEMPS-BEAUPRE résolut de continuer son travail. Il effectua la reconnaissance des îles de Kermadec, de l’archipel de Santa Cruz et de Salomon, des côtes de la Nouvelle Calédonie, de la Nouvelle Hollande (Australie) et de la Tasmanie. Après un épisode de privation de liberté dans l’île de Java, BEAUTEMPS-BEAUPRE put se diriger sur le cap de Bonne Espérance, où des familles françaises étaient venues s’installer après la révocation de l’Edit de Nantes. Pour tromper l’ennui, il profita de son séjour pour faire une nouvelle copie de ses cartes, dont il avait conservé la minute. Profitant du départ d’un bâtiment américain, il chargea son ami RENARD, chirurgien, de remettre ces papiers à notre ambassadeur aux Etats Unis. Grâce à ce subterfuge, il put ainsi apporter la preuve de l’antériorité de ses recherches et découvertes, par rapport aux Anglais, qui avaient profité de sa courte incarcération dans la forteresse de Batavia (Java), pour lui dérober ses plans et utiliser ses relevés..