Lucienne Mourlet, qui vit une retraite studieuse à Sainte-Ménehould, a écrit à la demande de ses enfants, ses souvenirs concernant un établissement qu’elle a créé : le Centre d’Aide par le Travail. Elle a récemment réuni tous ses amis qui ont participé à la création de ce centre, une naissance qui fut plus difficile qu’on ne pourrait le croire. C’était hier
L’année 2011 est pour moi l’occasion de célébrer un anniversaire particulièrement émouvant. En effet, c’est en Mars 1981 que le C.A.T. (Centre d’Aide par le Travail) a commencé de fonctionner, soit il y a 30 ans, avec un agrément provisoire, dans l’attente de travaux adaptés, dans l’implantation actuelle, pour une installation reconnue par les services concernés de l’Etat, inaugurée par la suite.
La nécessité de cette création s’est imposée avec le développement de l’I.M.E. (Institut Médico-Educatif). Son agrément était fixé, en ce qui concernait l’âge d’admission dans l’établissement, jusqu’à 18 ans. Il fallait donc donner une suite, que nous préconisait M. PARIAT - Directeur départemental des Affaires Sanitaires et Sociales - en fonction de cette période de 1976-1977.
Mettre en place une telle structure, ne relevait pas de l’improvisation. Selon le souhait de M. MOURLET - directeur de l’I.M.E., et mon époux, j’ai entrepris, après une sélection, une formation spécifique à l’E.N.S.P. (Ecole Nationale de la Santé Publique) à RENNES. Formation de haut niveau qui a nécessité, de ma part, de me replonger dans des études où il fallait apprendre la conduite d’une entreprise à caractère commercial et une direction d’établissement sanitaire et social recevant des handicapés adultes. Accomplir des stages en entreprises, à la C. C. I. (chambre de commerce et d’industrie de Châlons), au C.R.E.D.O.C. (Centre de Recherche et d’Etudes-Documentaires pour l’Organisation des Conditions de Vie) à PARIS, au tribunal administratif - Droit des Incapables Majeurs - Législation du travail spécifique “ Fiscalité
Ces éléments indispensables acquis m’ont permis d’avoir un socle crédible et sérieux que mon dossier de demande d’habilitation a laissé apparaître sans aucune ambiguïté, m’accordant d’emblée la qualité reconnue pour porter ce projet de la part des services de l’Etat en charge de l’étude de celui-ci.
La bataille fut rude pour, déjà, faire admettre son implantation, appréhension et rejet d’un C.A.T. de la part de la population. En 1980, il y avait encore une assez grande ignorance concernant ce type de structure. Après avoir proposé deux implantations, en étant bien avancée dans mes projets, et avec le soutien de la D.A.S.S. (Direction des Affaires Sanitaires et Sociales), ces deux propositions furent refusées par mon Conseil d’administration, dont la plupart des membres, par ignorance, voyaient celles-ci comme irréalistes et trop ambitieuses !
C’est grâce au départ du garage-concessionnaire RENAULT, installé rue Chanzy à « Menou » et dont l’implantation ne correspondait plus aux normes de la législation sur le travail et ses nuisances, que je fis une proposition pour m’y installer. Le propriétaire n’était autre que le gendre de ma présidente,
Mme VATIER, aussi il fut difficile pour certains de refuser ma demande. Celle-ci avait un fils handicapé (placé dans un autre établissement), elle comprenait mon projet. Assez âgée, elle délégua à Mme le Docteur ARAV, vice-présidente, la mission de m’accompagner dans les démarches nécessaires à la mise en place d’une telle réalisation, et ce fut le parcours du combattant !
Toutes les 2, nous avons visité beaucoup de services de l’état, allant jusqu’à Paris, arpentant les couloirs du Ministère du Travail, pour enfin trouver les services en charge de la Législation des Travailleurs Handicapés. Il nous fallait être convaincantes pour obtenir le financement nécessaire à l’acquisition, la réhabilitation et l’aménagement des locaux, en rapport avec le projet de fonctionnement que j’avais élaboré. Auparavant, celui-ci avait été accepté par la D.A.S.S. Mme ARAV et moi avons dû déployer beaucoup d’énergie et de pugnacité pour convaincre et vaincre ! Heureusement, ce ne fut pas vain !
C’est au cabinet d’architecture de M. Jean Denis GOUZIEN de Châlons-en-Champagne, que revint l’étude et la réalisation de la réhabilitation du garage, avec des locaux adapté : Bureaux, Ateliers et Services Divers. Je ne puis m’empêcher d’avoir une pensée pour M. GOUZIEN décédé tragiquement. Ce fut M. Michel MOISY, son adjoint, qui a conduit le déroulement du chantier avec une grande compétence et un souci constant d’utiliser au mieux les deniers de l’état, tout en maintenant une exigence sur la qualité du travail. Certains entrepreneurs s’en souviennent peut-être encore !
Durant ma période de formation à l’E.N.S.P., j’avais fait aussi une étude des besoins afin de savoir quels types d’ateliers je pourrais faire fonctionner ; ceux-ci, conséquemment, détermineraient les agencements intérieurs.
En attendant, il nous fallait quand même exister pour justifier l’urgence de la demande de financement. C’est ainsi que j’ai envahi les appartements du propriétaire du garage. Celui-ci, n’habitant plus les lieux, m’a laissé « gracieusement » à disposition une habitation imbriquée dans les locaux de la concession Renault, où j’ai pu, avec une secrétaire, installer un bureau équipé grâce à des prêts financiers et de matériel de l’I.M.E.