Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Les bals clandestins.

   par Nicole Gérardot



Michel Sardou chante les bals populaires, je voudrais évoquer avec vous les bals clandestins. Souvenirs pour les anciens, découverte pour les plus jeunes.

De tout temps, on a aimé danser en France. Les danses médiévales sont mal connues, mais on danse la gaillarde et la pavane au XVIème siècle, le menuet sous Louis XIV, puis sous le second Empire, dans les salons, le quadrille, le galop, la mazurka, la scottish, la polka, la valse. Danse qui a fait scandale lors de son apparition en France à cause du tête à tête dans lequel se trouvaient les danseurs.
Dans les campagnes, on danse la gigue, le rigodon, la soyotte.
Les années 1930 sont une période faste pour le musette : Paris compte plus de trois cents bals auxquels il faut ajouter les dancings et les guinguettes. La valse chaloupée, la java doivent céder la place au boston, charleston, one-step, tango, paso doble, rumba, samba, toutes venues d’Amérique.

Mais le 1er septembre 1939, les troupes allemandes attaquent la Pologne sans déclaration de guerre. Le 3 septembre, le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Les hommes de 20 à 48 ans sont mobilisés. Mai 1940, les Allemands envahissent la France. L’effondrement du front provoque la panique et précipite sur les routes du sud des millions de civils : c’est l’exode. Le 17 juin, Pétain demande la fin des combats. Le 18, de Londres, le Général De Gaulle lance son appel.
Le 22 c’est la signature de la convention d’Armistice. La bataille de France a duré 5 semaines et a fait 92000 morts du côté français et des milliers de prisonniers qui sont dispersés dans des camps de travail dans toute l’Allemagne. Le 20 mai 1940, au début de l’offensive allemande, Georges Mandel, ministre de l’intérieur, ordonne par décret la fermeture des dancings parisiens, mesure étendue quelques jours plus tard à l’ensemble du territoire. (Décret qui ne sera jamais publié au journal officiel). Albert Lebrun est alors président de la République et Paul Reynaud occupe le poste de président du conseil qu’il quitte le 16 juin. Albert Lebrun confie alors la présidence du conseil à Philippe Pétain. Le 10 juillet la République est abolie. Le Maréchal Pétain a les pleins pouvoirs. Les bals ont donc étés interdits par la IIIème république et non par le régime de Pétain ou par les Allemands.
Pourtant dans le même temps d’autres divertissements continuent d’être autorisés : opéra, théâtre, cinéma, concert, manifestation sportive. Pourquoi la danse est vouée aux gémonies ?

Pas la danse classique, mais celle des bals où les jeunes gens des deux sexes, dans les bras l’un de l’autre virevoltent dans une troublante proximité. Même si elle n’est jamais explicitée, il semble bien que c’est cette dimension charnelle qui est fustigée dans ces textes. Les préfets ont fait respecter ces décrets.
Les autorités, issues de la résistance maintiennent l’interdiction des bals. Ceux-ci reprennent en novembre et décembre 1944. Mais malgré l’interdiction de danser, les bals ont toujours continué dans le secret pendant la guerre. C’étaient « des bals clandestins ». J’ai rencontré plusieurs personnes qui ont fréquenté ces bals.
Bon nombre, durant les années 41-44, furent organisés dans les villages. M. Lahaye, de Bournonville, avait 17 ans en 1941. Il se souvient bien et son œil brille en évoquant ses souvenirs. :

« Il y avait des bals dans les villages environnants, mais parfois, on allait en vélo jusqu’à Auve et la Neuville-au-Pont. Comme il y avait le couvre-feu de vingt et une heures à six heures, on ne rentrait que le lendemain. Le plus souvent, les bals avaient lieu dans des granges, avec un accordéoniste.Un jour que les jeunes tournaient au son de l’accordéon, la porte s’est ouverte et deux gendarmes sont apparus dans l’encadrement :  »Messieurs le bal est fini" ! Certains ont sauté par la fenêtre, mais moi, je n’ai pas bougé. Les gendarmes ne nous ont rien dit et seuls, l’organisateur et le musicien ont eu un procès

On devait danser aussi à la Neuville-Au-Pont

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