Connaissance du Patrimoine Culturel Local
Le Petit Journal
de Sainte-Ménehould
et ses voisins d'Argonne
Edition régulière d'un bulletin traitant de l'histoire, des coutumes et de l'actualité.


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Les combats de juin 1940 à Villers en Argonne.

   par Lieutenant Varrier, Raymond Gérardot



Son gros effort se produit à l’ouest du village sur la 5ècompagnie (Capitaine Charvet) et sur la 6èCie (Capitaine Paganel), au sud. En même temps, il pousse des infiltrations à travers bois sur les ailes du bataillon tentant ainsi un encerclement de la position. Les unités du 2/21èR.I.C., avec un sang-froid remarquable et une calme bravoure supportent le choc. Lorsque l’ennemi est à 200 mètres, 100 mètres, en certains points des positions plus près encore, elles ouvrent un feu violent de mitrailleuse, de fusils-mitrailleurs, grenades V.B., grenades à main et engins d’accompagnement. L’assaillant subit des pertes très sévères.
Avec beaucoup de cran et de mordant, il renouvelle ses attaques pendant plusieurs heures, mais ses pertes sont de plus en plus lourdes. Malgré les moyens puissants mis en action (forces très supérieures en nombre et en matériel : artillerie, mines, aviation, rafales d’armes automatiques) il n’arrive pas à mordre dans le dispositif du bataillon. Il poursuivra ses assauts jusque 18 heures, mais en vain.
Au cours de l’action des éléments du 2/21èR.I.C. livrent sous bois des combats très rapprochés qui restent à notre avantage. Le bombardement de nos positions et les assauts répétés de l’adversaire causent des pertes au bataillon, mais celles qui sont infligées à l’ennemi sont très sérieuses, en particulier devant le front de la 5èCompagnie (Capitaine Charvet) où on estime que 200 hommes de troupes assaillantes ont été mis hors de combat.
Devant notre réaction et nos contrattaques, l’ennemi ne peut entamer notre dispositif. Il se replie et est contraint de se terrer. Dès lors son élan peut-être considéré comme brisé. Il est 18 heures 18 heures 30.
Au cours de l’attaque, le Commandant du 2/21èR.I.C. a demandé l’appui de l’artillerie. Une batterie de 75 et de 155 ont pu donner leur appui. Leur tir a été efficace. L’ennemi n’est pas passé, nous l’avons dominé, tenu en échec. Le 11/21èR.I.C. est prêt à de nouveaux efforts ; il reste solide sur ses positions avec un splendide moral.
A 19 heures, le Commandant du 2/21èR.I.C. est appelé au P.C. du Colonel Cazeilles, Commandant le 21èR.I.C. qui lui dit sa satisfaction et ses félicitations devant les officiers de son état-major, mais hélas, il lui communique un ordre de repli (repli qui doit s’effectuer à partir de 21 h 30).
De retour à son P.C., le Commandant du 2/21èR.I.C. donne des ordres à ses unités. Nous faisons un prisonnier à 20 heures à hauteur du P.C. du Bon.
Le décrochage, rendu très difficile par le contact de l’ennemi et l’obscurité est terminé le 15 juin à 2 h 45. A 2 h 50, après le passage de la dernière unité de son bataillon, le Commandant Varrier, Commandant le 2/21èR.I.C. donne l’ordre à un lieutenant du Génie resté seul avec lui et 4 hommes de faire sauter le pont sur l’Aisne entre Villers-en-Argonne et Passavant. Le pont saute à 2 h 55.
Suivant les ordres reçus, le 2/21èR.I.C. se porte à 15 kilomètres au sud-est de Villers-en-Argonne, entre Triaucourt et Charmontois-L’abbé. Il a pour mission de s’installer sur une nouvelle position (4 kilomètres de front). Il s’agit encore d’une mission retardatrice pour protéger, comme la veille, le repli d’autres unités.
En bon ordre et sans à-coups, le bataillon effectue le déplacement suivant l’horaire, mais avec la menace de l’ennemi qui peut le surprendre d’un moment à l’autre. Le 2/21èR.I.C. ne peut citer tous les faits d’armes glorieux des cadres et hommes de son unité au cours de la journée du 14 juin.
Tous ont rempli leur devoir avec une haute conscience. Le 14 juin au soir, ils sont navrés de quitter le terrain qu’ils ont glorieusement et victorieusement défendu. Ils se sont accrochés avec opiniâtreté au sol, ils ont repoussé les violentes attaques de l’adversaire, lui ont infligé des pertes très sévères et ils ont permis, en combattant avec un magnifique esprit de sacrifice, le repli d’une grande unité (35èD.I.) et des 1er et 3èbataillons du 21èR.I.C.
La compagnie du 18èbataillon d’infanterie Légère d’Afrique, dont la conduite a été très belle au cours des assauts de l’adversaire, est touchée également par un ordre de repli. Elle rejoint son bataillon au cours de la nuit du 14 au 15 dans la région de Passavant.
La journée du 15 juin sera très dure aussi. Le 2/21èR.I.C. tient un front de 4 kilomètres. La liaison est établie au sud-ouest à « Belleval » avec le 43èR.T.S. à l’est de Triaucourt avec un bataillon du 11èrégiment d’infanterie. Les unités sont en ligne vers 7 h 30 8 heures.

La route où se déroulèrent les combats. Au loin le village de Passavant-en-Argonne.
Au premier plan la ferme de la Cense.


On se battra en rase campagne ; il ne peut être question d’organiser le terrain ; on manque de temps. Le combat à livrer est un combat d’arrière-garde. Le 2/21èR.I.C. est prêt à se sacrifier ; son moral est excellent ; il remplira sa mission retardatrice avec le même cran que la veille ; il faut tenir l’ennemi en échec pour permettre le repli d’autres unités.
A 8 h 30, la 5ècompagnie reçoit le choc de l’ennemi à Charmontois-L’abbé (2 kilomètres nord de « Belleval »), l’adversaire jalonne ses positions par de nombreuses fusées, il est accompagné de son aviation, la fusillade est violente, mais la 5èCie résiste, elle empêche la progression de l’assaillant jusque 10 h 30, heure à laquelle elle sera touchée par un ordre de repli.

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