Cet endroit, on ne pouvait le voir qu’en barque, en pédalo, ou toute autre embarcation sportive ; c’est là que la rivière se partage en deux bras, c’est là l’origine de la cité.
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L’Aisne a pris sa source à Sommaisne, petit village du sud de l’Argonne, dans la Meuse. Après un parcours de 40 km, après avoir fait le bonheur des pêcheurs, le Barbeau à Villers, le Carpillon à Verrières, l’Aisne arrive au niveau de la
ville ; la rivière est paresseuse, elle a déjà coupé ses méandres comme le Haldron du côté de Verrières, mais aussi capricieuse, car elle sort souvent de son lit pour inonder les pâtures.
Et voilà qu’elle trouve en face d’elle une butte, d’une vingtaine de mètres de hauteur, faite de gaize ; elle aurait pu la contourner à gauche ou à droitemais non, elle décide de l’embrasser, c’est à dire de l’entourer de ses deux bras qu’elle va créer. Le bras de droite, à l’est va même faire le tour d’une grande prairie nommée depuis Planasse et baptisée pompeusement « hippodrome » au temps de Cuirassiers. Les deux bras se rejoindront par la suite tout au nord, avant de continuer de descendre vers Chaudefontaine et La Neuville-au-Pont, là où l’attendaient autrefois des moulins
Une butte, la rivière qui l’entoure, il n’en fallait pas plus pour que le site soit vite habité. Le lieu, au Vème siècle, appartenait à Sigmar, comte de Perthes, qui possédait un grand territoire sur les bords de la Marne. Ce devait être ce que l’on nommait une « villa », lieu isolé au milieu de bois et de marais, mais avec un fortin tout en haut de la butte, bien facile à défendre. Les Romains ? La première église sur la butte, pas celle que l’on connaît, aurait été construite sur les ruines d’un temple dédié à Diane.
Rapidement la butte deviendra forteresse, avec comme protection la hauteur et surtout la rivière à qui on a ajouté un bras artificiel, nommé aujourd’hui « les remparts ».
L’allée des couleurs
Ce partage des eaux, on pouvait aussi l’apercevoir quand on voyageait en chemin de fer, sur la ligne Nord-sud, d’Amagne Lucquy à Revigny. La ligne a été supprimée dans les années 70 et le tracé des voies abandonné à la nature.
Puis vint l’idée de « l’allée des couleurs », un concept original, un projet qui mène les promeneurs en particulier sur le tracé de l’ancienne voie ferrée. Et là, en franchissant le pont de l’Aisne, on voit très bien ce partage des eaux. Pendant la saison où les feuilles cachent tout, il vous faudra descendre au bord de l’eau ; la descente est facile et l’endroit, avec une herbe semblable à un gazon, est très agréable. De plus, comme le disent les pêcheurs, la rivière est poissonneuse ; un petit coin sympa, très reposant si ce n’est le joyeux passage des pédalos, comme un tableau de grand maître avec l’église du Château en toile de fond. Des panneaux explicatifs sont en préparation et seront posés par la mairie sur le pont.
La prairie se nomme « les Hazelles » et offre en certains endroits une végétation caractéristique de cette zone marécageuse. La voie ferrée Châlons-Verdun est toute proche, et le chemin passera un peu plus loin sous les voies avant de foncer vers la piscine.
Ce lieu où la rivière se coupe en deux est bien connu des amateurs de balades nautiques, là le courant contre lequel on a lutté devient tout à coup notre allié.