L’histoire et le développement des lavoirs [1] vraiment commencé qu’au 19ème siècle. Ce fut une mesure d’hygiène. Les gens lavaient leur linge parfois dans des mares où s’abreuvait le bétail, dans des trous d’eau ou des ruisseaux recevant des effluents contaminés, cause de la prolifération d’épidémies comme le choléra ou la peste.
Alertées par les autorités médicales, pour combattre ces fléaux, de nombreuses municipalités créèrent des lavoirs communaux équipés au centre des villes, alimentés par une source ou le réseau d’alimentation en eau potable. Lorsque, comme c’était le cas à Menou, la cité était parcourue par une rivière, la commune édifiait en des lieux propres, dégagés, accessibles où la rivière avait un courant suffisant, des lavoirs au bord de l’eau. On en a recensé 34 à Menou, communaux ou appartenant à des habitants.
En 1945, la guerre terminée, la paix signée, Sainte-Ménehould aborda la phase de reconstruction des édifices et des quartiers détruits : plan global, remembrement, nouveau parcellaire, contestations, longues discussions.
Néanmoins, un des édifices municipaux qui entra rapidement en chantier fut le grand lavoir du Pont de Pierre, lieu indépendant du remembrement général des quartiers détruits. Il fut doté d’une capacité de relever ou d’abaisser la hauteur de la partie proche de l’eau où se tenaient les laveuses, à genoux, dans une caisse ouverte sur un côté. Ce lavoir central avait été ardemment réclamé par les nombreuses lavandières. Celles qui chaque jour venaient au lavoir avec leur brouette ou remorque, chargée d’une lessiveuse emplie de linge encore chaud d’avoir bouilli, prêt à être savonné sur la planche à laver puis brossé, frotté, rincé au fil de l’eau puis battu pour chasser l’eau. Les laveuses, le plus souvent salariées indépendantes, rapportaient le linge à leur propriétaire. Elles repartaient le lendemain au service d’une autre famille.
Le grand lavoir sur l’Aisne à Sainte-Ménehould
Le lavoir était un lieu de rencontre, de discussion, de solidarité, parfois de dispute, mais demeurait un endroit chaleureux auquel les lavandières tenaient beaucoup. Mais le métier était dur, il fallait affronter le froid, le mauvais temps. Déjà, des voix s’élevaient pour que les techniques modernes trouvent des alternatives à ce travail difficile.
A partir de 1950, les machines à laver sont arrivées sur le marché, concurrentes efficaces et redoutables qui, en peu de décennies, ont retiré aux lavoirs tout leur intérêt.
Sainte-Ménehould, encerclée par l’Aisne, plus son confluent avec l’Auve, possède un bord de rivière important ; aussi de nombreux lavoirs particuliers existaient et demeurent encore, témoins désœuvrés d’un passé pas tellement lointain. Aussi, pour présenter aux jeunes générations qui n’ont ni vu ni connu l’activité « lavoir », la municipalité a tenu, au bord d’un bras de l’Aisne (rempart des Capucins) à maintenir et entretenir en état un lavoir doté des attributs d’un lavoir classique : agréable d’aspect, d’accès facile, planche à laver, rampes d’égouttage.
Le temps passe vite, celui des lavoirs a duré moins de deux siècles, témoignage d’une époque où l’amélioration des conditions d’hygiène était primordial pour enrayer les épidémies. A chaque moment de l’histoire, les hommes ont recherché comment améliorer les conditions de vie de l’humanité, sans toujours bien réussir.