En un siècle, les villages ont beaucoup changé. Si Verrières a gardé son école, il a en revanche perdu tous ses commerces. Et pourtant le nombre d’habitants augmente depuis 10 ans. Il y a 100 ans, le village devait être bien vivant. Souvenirs.
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En 1911, le village comptait 534 habitants, mais il en a compté jusqu’à 1057 en 1826 ! Et depuis cette date la population a constamment diminué jusqu’en 1968 avec 341 habitants pour remonter légèrement avec 401 en 1999 et 424 en 2009.
La forêt d’Argonne toute proche à l’est du territoire a donné du travail à bon nombre de personnes.
La liste nominative de la population en 1911 indique qu’il y a : 20 bûcherons, 18 tourneurs sur bois, 20 sabotiers, 5 charpentiers, 3 scieurs de long, 3 menuisiers, 3 maréchaux-charrons, 2 équarrisseurs, 2 charretiers et 1 tonnelier.
Les scieurs de long avec leur passe-partout sciaient une grume dans le sens de la longueur, l’un perché sur la grume surélevée à une extrémité, l’autre en-dessous. Ils tiraient sur le passe-partout à tour de rôle.
Un équarrisseur, avec une sorte de hache, transforme une grume en une poutre à section presque carrée. Ces poutres servaient dans la charpente des constructions et dans de vieilles granges on peut encore voir de telles poutres équarries.
En 1911 les tourneurs sur bois fabriquaient des manches de plumeaux, des piétements de chaises, des balustres de berceaux. Ils travaillaient dans deux anciens moulins à farine situés sur l’Aisne, le Moulin de Bas en aval par rapport au Moulin de Haut. Ces anciens moulins étaient devenus des scieries-tourneries. Le Moulin de Haut a cessé le tournage pendant la guerre 1814-1918. Quant au Moulin de Bas, il s’est développé en produisant des manches de pinceaux en 1950 puis des manches de petits outils. L’entreprise s’agrandit et s’adapte aux demandes du marché en passant du stade artisanal à l’industrialisation et occupe 48 personnes en 1986. En 1988 la scierie devient robotisée et sa production est multipliée par 4 en 3 ans.
Dans le village il y avait à l’époque 2 boulangeries. La dernière a fermé en 1978 après le décès du boulanger, M. Drache.
Il y avait un curé au village. Il logeait au presbytère dans la Grand-rue. C’était l’abbé Harbonville en poste depuis 1905. Le dernier curé au village est l’abbé Beal qui a quitté son poste en 1984 et le presbytère a été désaffecté par la suite et loué à des particuliers
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Il y avait deux écoles dans le village, l’une privée tenue par des religieuses depuis 1863, l’autre publique avec M. et Mme Rousselle arrivés en 1901. A la suite de la séparation de l’église et de l’état, l’institutrice de l’école privée était une laïque. En 1911 c’était Mlle Gabrielle Tassot. Cette école privée a fermé en 1944.
Au début du siècle dernier il arrivait assez souvent qu’une personne ait deux activités. Ainsi en 1911 il y avait un maçon-aubergiste, un coiffeur-aubergiste, un aubergiste-charcutier. Les activités des femmes se concentraient sur la couture (19), le repassage (2), la broderie (1). On relève quelques commerçants : 2 épiciers, 1 coquetier ou « coquassier » (ramasseur d’œufs) et d’autres artisans : 1 vannier, 1 cordonnier, 1 horloger, 2 charrons-maréchaux. La dernière maréchalerie, celle de M. Gillet a fermé ses portes en 1972.
Cependant, beaucoup de personnes n’avaient aucune qualification. Ainsi on trouve de nombreux domestiques, employés, un buraliste, un facteur, voilà quelques emplois d’importance. A noter encore 2 gardes, 1 régisseur, 1 clerc, 2 livreurs, 1 cantonnier, 1 terrassier, 1 jardinier.
Dans un prochain article, il sera question d’agriculture.
Sources : Dénombrement de la population de Verrières en 1911 ; A.D. Marne 122. M350.
Note : Le village compte aujourd’hui 423 habitants.