De mai à novembre, les dimanches en Argonne sont ponctués de fêtes patronales. Le bulletin mensuel de la paroisse nous le rappelle. Mais que reste-t-il de ces traditions et de son esprit de fête ? Certes, dans la plupart des cas, malgré la baisse du nombre de prêtres, la messe existe encore avec, en amont, une savante préparation des chants.
Nous pouvons constater que les églises sont toujours bien fleuries mais tout juste remplies. Les tables d’invités sont moins nombreuses. Autrefois, la fête était attendue. Les enfants épargnaient pour les manèges, c’était une journée à ne pas rater.
Aujourd’hui, les « ados » ignorent parfois même le nom du saint de leur village, trouvent cela ringard et dépassé. Ils ne se motivent plus pour la préparation de la fête. Avant l’événement ils sont déjà blasés. Les forains disparaissent. Demain que restera-t-il ?
Certes, par-ci par-là, il y a des poches de résistance lorsque le programme du jour s’adapte à des idées nouvelles. Qui se souvient encore de l’orchestre de Passavant avec « l’Amédée » et plus près de nous de « Flash Back » qui ont fait danser tant de monde et qui ont permis à beaucoup de jeunes de trouver l’âme sœur ?
Je ne sais pas si cela est vrai mais on dit souvent que l’on assiste à une fin, fin des habitudes, fin de la religion, fin du rural. Certes, tout concourt à dire que nous serions contemporains de la fin d’un temps, mais nous savons tous que les sociétés n’ont pas plus de fin qu’elles n’ont de commencement.
Néanmoins, nous ne prenons plus le temps de prendre notre temps, les modes changent et les jeunes veulent vivre dans un futur permanent sans repère. Les temps pluriels deviennent sans rapport avec le temps historique que nous connaissons et qui, d’un certain côté, nous rassure.
A 18 ans aujourd’hui, on rêve plus de passer son permis de conduire, acte d’émancipation pour rejoindre l’âge adulte, que de donner du temps pour préparer la fête de son village. Les jeunes, leurs vies et leurs jeux sont devenus un mystère. Ils prennent d’avantage plaisir sur une console, sur Facebook, à envoyer des SMS, à twitter qu’à aller danser sur la place du village. Autre temps, autres mœurs.
Mais souvenons nous que depuis la nuit des temps les modes passent. Pour ma part, je souhaite que les jeunes retrouvent les plaisirs de la fête patronale, la rencontre, le partage, les amis, la famille, et qu’ils en gardent des souvenirs inoubliables.
Alors, oui, la fête patronale redeviendra le village retrouvé !
Bonne lecture du n°60 !
Patrick Desingly, Président.