Dans le cadre du centenaire de la guerre 1914-1918, beaucoup de manifestations commémoratives sont prévues dès cette année, à commencer par trois expositions à la bibliothèque nationale de France à Paris, programmées en ce moment.
La première est intitulée « Eté 1914, les derniers jours de l’ancien monde » elle est coproduite avec le ministère de la défense, est centrée sur la période du déclenchement des hostilités et le basculement dans un conflit dont personne n’avait prévu l’ampleur destructrice. Elle s’attache aussi à montrer comment 14-18 a fait entrer le monde dans l’ère moderne (Chroniques de la B.N.F., avril-juin 2004).
La seconde, « Sur les pas de Louis Barthas, 1914-1918 ». Louis Barthas est un tonnelier originaire de l’Aude. Il a déjà passé près de trois ans et demi en première ligne avant d’être démobilisé seulement un an plus tard, en février 1919.
Avec ses notes, prises au jour le jour et envoyées à sa famille, il a fait 19 cahiers à son retour. Il décède en 1952. Des historiens, en particulier Rémy Cazals ont repris ces cahiers pour rédiger un livre de plus de 500 pages intitulé « Les carnets de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918 » (Editions de la Découverte).
C’est un récit très fort, bouleversant, respirant l’authenticité et l’humanité, un des livres référence sur la première guerre mondiale, vécue et ressentie par un combattant des tranchées. Un hommage presque unanime sera rendu à cet ouvrage régulièrement réédité. Pourquoi « presque » ? Parce que quelques voix discordantes le classent antimilitariste et s’offusquent de ses jugements, parfois sévères, contre quelques haut gradés. Bien sûr, il était épris de paix, mais il a accompli son devoir tout en se révoltant de décisions parfois outrancières, émanant du commandement, qui envoyait des poilus à la mort sans raison majeure, si ce n’est parfois pour un peu de gloire.
Caporal, il a lui-même été dégradé pour refus d’envoyer ses hommes à une mort certaine sans motif valable en 1916. Mais il sera rétabli caporal par un colonel deux mois plus tard et les deux officiers responsables des ordres donnés seront vertement sermonnés.
La dernière exposition s’intitule « Chemin de paix ». N’est-ce pas le meilleur moyen de conclure des images de guerre par une invitation et un appel à la paix, de la désirer la plus durable possible et pourquoi pas éternelle en rêvant un peu. Deux grands tableaux, œuvre de Clara Halter, journaliste directrice de revue, puis calligraphe, artiste engagée militante de la paix dans le monde, retracent le mot « paix » en 50 langues différentes dont le braille, puis chacun en écriture calligraphiée : du grand art

Tableau de Clara Halter
Pour ma part j’ai été invité au vernissage de l’exposition « Sur les pas de Louis Barthas, 1914-1918 » le lundi 24 mars à la B.N.F. et donc aux deux autres puisque réalisées ensemble avec la présence du ministre de la défense Jean-Yves Le Drian.
Cette invitation comporte une grosse part de chance car j’étais là au bon endroit et au bon moment lorsque le photographe Jean-Pierre Bonfort, chargé de retracer avec son appareil le parcours de Barthas, s’est arrêté en juin 2013 à Auve. En effet l’hôpital militaire du village a été une des dernières étapes de sa vie sous les drapeaux alors qu’il était exténué, malade et d’une maigreur extrême. J’ai donc guidé le photographe sur les lieux où se trouvait l’hôpital tout en lui présentant des photos et cartes postales d’époque. Il m’a promis une invitation à cette exposition et a tenu parole. Je l’en remercie.