Magnifique ; un diplôme décerné il y a plus de cent ans en Italie à un Ménéhildien. Magnifique pour le graphisme et les couleurs, mystérieux pour la médaille décernée.
C’était donc à ’l’esposizione internazionale delle industrie e del lavoro", c’est à dire l’exposition internationale de l’industrie et des travaux qui se tenait à Turin en 1911. Internationale comme le montrent les différents blasons qui encerclent le dessin et dans lesquels on remarquera celui représentant la France. En haut à gauche l’héraldique et à droite le blason (une croix blanche sur fond rouge) de la ville de Turin.
Cette belle ville, après avoir été capitale des Etats de Savoie et du Royaume de Piémont, avait été capitale du Royaume d’Italie en 1861 à 1865. Et c’est justement ce que rappelle le texte en haut du diplôme : pour le cinquantième anniversaire de la proclamation du royaume d’Italie.
Ce drapeau national aux trois couleurs flotte sur un des bâtiments qui forment le fond du décor du diplôme et qui doit être la basilique Corpus Domini sur la piazza San Carlo. Au centre, une sorte de fontaine d’où jaillit une femme tout de voile vêtue et à peine visible ; de chaque côté du socle sortent des lauriers qui vont servir de cadre aux différents personnages tournés vers le personnage central, un salut vers le travail, vers l’industrie.
Le collaborateur de Géraudel :
Le diplôme a été décerné à Paul Albert Hecquet, sans indication de l’industrie représentée. Mais on sait qu’il s’agit ici des fameuses pastilles Géraudel.
Ce pharmacien dont l’histoire a été maintes fois contée (n° 58 page 13) avait depuis 30 ans et le début de « la pastille » comme collaborateur Albert Hecquet, décrit comme « dévoué, courageux et d’une rare intelligence » par le fils Géraudel dans son discours lors de la cérémonie de remise de médailles en 1909.
En 1911, Arthur Géraudel est mort depuis 5 ans, c’est son fils Albert qui gère l’entreprise en difficulté à l’époque de « la crise ». Cette dernière se termine en 1909.
L’exposition universelle de Turin se déroulait dans le Parco Del Valentino sur 100 hectares et avait réuni 31 pays. Cette même année avaient lieu aussi une exposition universelle à Charleroi et une autre à Roubaix avec comme thème le textile. Mais si l’expo du Nord de la France avait réuni 800 000 visiteurs, l’expo de Turin en avait accueilli 4 012 776.
Reste à savoir pourquoi, par qui et comment étaient délivrés ces diplômes. Devait-on déposer un dossier ? Car même avec la renommée de la pastille, la petite usine ménéhildienne de 40 ouvriers devait avoir du mal à rivaliser avec les grandes industries. Et en voyant le diplôme, on imagine Albert Hecquet prendre le train et se rendre à Turin pour le recevoir. Mais sur ce diplôme, sa signature ne figure pas, et de pastille il n’est pas question, on ne parle que de collaborateur
C’était en 1911 ; la Grande guerre allait arriver, sonnant le glas de l’usine. Albert Hecquet n’a pas profité longtemps de son diplôme.
John Jussy sur une idée de Roger Berdold.