Quand on parle de la Grande Guerre, on pense le plus souvent au front qui s’étendait dans l’Argonne, de la Main de Massiges à la Butte de Vauquois, on évoque Sainte Ménehould ville de repos, ville hôpital, mais on oublie que la ville et tous les villages ont été occupés au début du conflit. Pas très longtemps il est vrai, car les Allemands ont traversé la ville le 3 septembre pour foncer vers le sud et sont repassés le 14 septembre avant d’arrêter leur retraite sur le front que l’on connaît. Onze jours, onze jours de malheur, de pillage, de destructions.
Une carte simple est explicite se trouve dans le guide Michelin « Verdun Argonne Metz ; 1914-1918 » daté de 1928, un guide qui proposait plusieurs circuits pour découvrir, 10 ans après, les sites de guerre.
Mais déjà, avant l’arrivée des Allemands, la ville allait connaître une animation inhabituelle ; devant les nouvelles affolantes, les Ménéhildiens quittaient la ville, quand d’autres personnes en exode la traversaient. Et puis on entendit le son du canon qui se rapprochait. Le 2 septembre fut une journée terrible, et bon nombre d’habitants se résignaient enfin à partir.
Puis le 3 septembre la ville fut occupée ; les officiers s’installent dans de belles demeures, les soldats prennent possession de la gare, de la poste, pillent les maisons et les magasins fermés. Les villages d’Argonne devaient subir le même sort, comme Auve qui fut incendié.
La bataille de la Marne allait amener la retraite allemande. Le « guide de l’Argonne » (1987, livre non réédité) parle des armées : « Du côté français, l’Argonne était située entre la 3ème armée à l’est et la 4ème armée à l’ouest. Devant elles, les troupes allemandes marchaient nuit et jour. Cette retraite ne semble pas avoir été gênée par la cavalerie française dont les chevaux étaient épuisés ».

Les Ménéhildiens qui étaient restés dans la cité furent très étonnés de voir partir les ennemis dans la confusion générale.
Emile Baillon, historien local, qui a consacré plus de 10 pages à ces dramatiques journées, écrira pour conter la libération : « La ville se retrouve dans le calme on est tout surpris de voir des Français faire leur entrée dans la ville à la poursuite de l’ennemi Il nous est difficile de traduite l’émotion ressentie par quelques Ménéhildiens présents en voyant de nouveau des Français. On les entoure, on les questionne, on leur demande ce qu’ils désirent, voulant donner, dans la mesure du possible, quelques chose, du pain, du vin, ce qui peut encore rester. »
Mais la libération s’entoure aussi de tragédies : des convois de blessés et de prisonniers arrivent en ville, on enterre des cadavres de chevaux sur la route de Florent et les premiers tués de la guerre dans le cimetière du Château. Les Ménéhildiens reviennent, la ligne de chemin de fer Châlons-Verdun est remise en service, le sous-préfet Hamm fait son retour, le tribunal tient une séance de rentrée. Malgré une canonnade qui semble toujours se rapprocher ou le survol de la ville par des avions allemands, la cité argonnaise ne sera jamais réoccupée.
Sainte-Ménehould libérée allait devenir une ville à l’arrière du front, une ville de repos, une ville hôpital.
Sainte-Ménehould sera un jour encore libérée, cette fois-ci après 4 ans d’occupation : ce sera le 30 août 1944.

Le village de Dommartin-sur-Yèvre-a été aussi le théâtre de combats avant d’être libéré.