L’avez-vous regardé ? C’est vraiment un des mieux
Parmi les monuments de nos Morts glorieux.
Il est calme, pensif, sur son socle élevé,
Du froid âpre et mordant par son col préservé.
De son poste d’écoute, alors qu’on entend
Le bruit de nos canons, le chahut des obus,
Quand aussi le soir tombe en un calme infini
Et s’étend lentement sur le front aplani,
Il veille dans la nuit, l’air ferme et résolu,
De Menou le brave Poilu.
Très fidèle à ses pieds, vers l’avant bien tendu,
Son chien au long museau, d’un regard assidu,
Paraît entendre au loin les pas de l’ennemi.
Qui ne réagit plus, semblant même endormi.
Comme chez les poilus il reste dans ses yeux
O dure vision ! Les bois de nos aïeux
Par des coups de géants hachés, déchiquetés,
Prenant l’aspect étrange, avec leurs troncs restés,
De squelettes humains... Seul, toujours résolu,
Il est là notre vieux Poilu.
Le silence des nuits, au milieu de la plaine,
Là, semble le fixer en une ombre incertaine.
Il songe... Et soudain voit des formes s’estomper,
Semblant se rapprocher et même se grouper...
...Sa mère, son Epouse, et son petit Enfant
Aux gestes maladroits, arrivent triomphants.
Ils sont là, ses aimés, le seul but de sa vie,
Pour lui donner ce soir, en leur âme ravie,
Un, deux, trois doux baisers... Il rêve très ému,
De Menou le brave Poilu.