Marc Hérard, fidèle lecteur de notre journal, est décédé l’an dernier. Il m’avait confié des documents qu’il avait retrouvés dans des dossiers de son père. Pendant de longues années, il a exercé le métier de géomètre à Sainte-Ménehould, c’est dire qu’il connaissait tous les villages de notre région. Il était très attaché à l’Argonne dont sa famille maternelle était originaire. Voici un de ces documents intitulé « Le pays d’Argonne », air de la Marseillaise et composé par Louis Bourgeois, garde-voie à Cuperly.
Nicole Gérardot
Dans ce pauvre pays d’Argonne
L’ennemi a fait triste besogne
De ce pauvre Vienne-le-Château
Il ne reste plus que des tombeaux (bis)
Cette forêt qu’était si belle
Où les garçons et les demoiselles
Le dimanche allaient s’promener
Maintenant c’n’est plus qu’des tranchées.
Refrain
Pauvre Vienne-le Château
Toi qui étais si beau
Jamais, jamais tu n’auras plus
Ce que tu as perdu.
Cette belle promenade d’Houyette
Où nous allions le cœur en fête
C’est là que les jeunes amoureux
S’en allaient le cœur joyeux (bis)
Dans ces sentiers sous la feuillée
Où nous allions nous reposer
Maintenant tout est perdu
Ces beaux jours n’reviendront plus.
Refrain
Pauvre promenade d’Houyette
Tu n’seras plus en fête
Rappelle-toi qu’un jour viendra
Où tu nous reverras.
Mais dans cette belle vallée
Le plus beau c’était l’Harazée
Et ses belles propriétés
Maintenant tout est rasé
De ces villas qu’étaient si belles
Il n’en reste plus une parcelle
Maintenant tous ces gros rentiers
Ne reviendront plus au pays
Refrain
Pays de l’Harazée
Maintenant t’es supprimé
Un jour viendra nous t’reverrons
Avec tes belles maisons.
|
Marchez plus loin dans cette prairie
Vous trouverez l’Four de Paris
C’est là que les Prussiens en rage
Ont fait un terrible carnage (bis)
De ses châteaux si pittoresques
Vous ne trouverez pas un reste
Maintenant c’est le grand cimetière
Où nous avons perdu nos frères.
Refrain
Pauvre Four de Paris
Tu n’es plus un pays
Et maintenant t’es le flambeau
Qui éclaire les héros.
C’était la pauvre Placardelle
Qui en a vu de bien belles
Ces Prussiens ces vrais sauvages
N’ont rien laissé sur leur passage (bis)
Pauvre pays de ma jeunesse
Maintenant rempli de tristesse
Et tous ces pauvres habitants
N’reverront plus leurs bâtiments
Refrain
Ma pauvre Placardelle
Nous te serons fidèles
Et le cœur gros nous reverrons
Les ruines de nos maisons
Plus au nord c’était Binarville
Un gros village bien tranquille
Les propriétaires du pays
Récoltaient tous beaucoup de fruits (bis)
Mais les Prussiens qui en sont maîtres
Un jour feront tout disparaître
Alors vous le retrouverez
Avec ses maisons écroulées
Refrain
Pays de Binarville
Nous te rendrons fertile
Et nous attendrons la victoire
Pour aller te revoir.
|