Sainte Ménehould et ses Voisins d’Argonne
|
https://www.menouetsesvoisinsdargonne.fr/spip.php?article572
|
LES PUITS DE LA HAIE GUERIN
Fouille d’un des puits de “ La Haie Guérin à VERRIERES (Marne)
dimanche, 28 mars 1999
/ Jean-Christophe Combe
|
ORIGINE DU PROJET
- Etude réalisée par Jean HUSSENET, Membre titulaire de la société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, publiée en 1990. Cet article est une investigation topographique des sites qui se situent au lieu-dit de La Haie Guérin (Plateau forestier à proximité de Verrières). Le site de “ la ligne des puits fait partie d’un ensemble composé de deux autres sites : “ L’éperon barré , “ La Nécropole . Cet ensemble est, depuis le précédent numéro de ce journal, composé d’un autre site, celui découvert par Monsieur VALENTIN, la nécropole “ Fontaine d’Olive .
LE SITE (voir carte), accessible par la route forestière, il est situé en forêt privée, à 5 kilomètres au sud de Sainte-Ménehould, près de la maison Autier.
Propriétaire : Monsieur DEPAUW - Belgique- représenté par Monsieur DODEMONT .
La ligne des puits comporte 22 puits plus ou moins comblés par la volonté de l’homme ou bien par la nature.
DESCRIPTION DU PROJET
Initialement, l’objectif était donc de rechercher la fonction et l’origine de ces puits ; mais aucune étude approfondie n’avait été entreprise avant notre intervention. C’est pourquoi, au début de l’année scolaire 1993-1994, Monsieur François DUBOISY, Principal du Collège Jean-Baptiste Drouet, décida d’étudier l’un des 22 puits du site.
Il s’agissait donc d’établir, grâce au soutien du service régional de l’Archéologie dirigé par Monsieur Alain VILLES, Conservateur Régional de l’Archéologie de Champagne Ardenne, un P.A.E. (Projet d’Action Educative), visant à la fouille et au traitement “ partiel des informations recueillies à partir de ce puits. C’est ainsi, qu’après l’obtention du permis de fouilles, délivré le 7 juin 1993 par la DRAC et l’autorisation du propriétaire, qu’enfin, débutait l’investigation, le sondage du puits.
LES FOUILLES
Le puits qui fut choisi fut le puits n°15. En effet, celui-ci présentait de nombreux avantages : il était l’un des plus profonds (16,85 m), il possédait en haut une maçonnerie très intéressante et, de plus, était protégé par la souche d’un arbre certainement plus que centenaire. Aussi commença la mise en place de l’étude.
Tout d’abord, on facilita l’accès au puits en aménageant un passage sommaire. Puis, l’orifice du puits, obstrué par une souche d’arbre, fut dégagé. Ensuite fut installée une plate-forme en bois, pour donner une bonne assise aux personnes et au matériel (chèvre, treuil, groupe électrogène). Après avoir testé la qualité de l’air, on entreprit de vider le puits des matières qui s’y étaient accumulées. Nous avons extrait, lors des dix jours de fouille du printemps, été 1995, environ 3 m3 de matières, abaissant le fond du puits de 3,3 mètres (voir page ), ce qui amena le puits à une profondeur de 20,1 m. Nous y avons rencontré des couches de dépôts très différents : humus, argile verte, gaize. Nous y avons trouvé des squelettes d’animaux (renards, blaireaux), une très grosse quantité de bois taillé, mais aussi quelques fragments de céramiques (sigillée, céramique rouge ou grise, datant de l’époque gallo-romaine), des fragments de tuile romaine. Malgré l’importance apparente de nos découvertes et de nos efforts, nous n’étions pas encore parvenus au fond du puits et encore moins à lui trouver une datation et une fonction certaine.
Aussi, nous dûmes reprendre nos recherches, dès le mois de juin suivant (1996), qui fut, quant à lui, beaucoup plus fructueux. Nous avons, en effet, travaillé sur une période un peu plus courte que la précédente et en abaissant le fond de 3 mètres, ce qui nous fit parvenir à environ 23 mètres.
Mais le plus surprenant fut nos découvertes. La transition fut brutale, car après une couche d’argile verte très difficilement pénétrable, car compacte et très collante, nous sommes arrivés sur une couche d’humus beaucoup plus facile à extraire du puits.
Dans cette couche, nous avons pu trouver des ustensiles, telle une meule de granit ou encore une pointe de métal. Nous y avons aussi rencontré un nombre important de fragments de céramique jaunâtre, recouverte d’une couche de verre (à l’intérieur), ainsi que le col entier d’une amphore de céramique rouge. Ainsi, nous avons recueilli près de 3.000 tessons de céramique dont nous avons pu extraire cinq sortes de bords dont la forme est particulièrement intéressante (document : 5 bords). La taille réelle de ces céramiques varie entre 28 et 34 cm de diamètre et entre 20 et 25 cm de hauteur. Elles sont datées, elles aussi, de la fin de l’époque gallo-romaine (IIIème siècle - IVème siècle après J.C.). N’étant pas parvenus au fond du puits et guettés par le découragement et la fatigue, nous avons décidé de faire finir le sondage par une entreprise spécialisée, qui, à notre grande surprise, n’eut, en tout et pour tout, qu’un seul mètre à creuser.
Début octobre 1996, nous avions donc totalement vidé le puits et étudié les matériaux et ustensiles extraits. Au fond, ni galeries ni trace de minerai.
EXPLOITATION DES DECOUVERTES
Tous les tessons de céramique ont été nettoyés puis regroupés en fonction de leur forme et de leur couleur.
- Les services de la DRAC, Messieurs CHOSSENOT et JANIN ont participé à l’identification des vases qui, pour la plus grande partie, ont été utilisés tout d’abord comme récipients puis comme creuset de verrerie. Ils contenaient un mélange complexe contenant de la silice et étaient enfournés. Puis, on versait le verre en fusion, dont une partie restait attachée au vase, lui donnant, à l’intérieur, un aspect vitrifié.
- Certains fragments ont pu être rapprochés et collés. On a ainsi obtenu des parties significatives des vases.
- Les pièces principales ont été photographiées.
NOS CONCLUSIONS
Il ne s’agit que d’hypothèses, car, nous n’avons pas les compétences requises pour être affirmatifs :
1 - Ces puits datent de l’époque gallo-romaine
2 - Ils peuvent être liés à l’activité des verreries (cf toponyme Verrières), nous y avons trouvé un bloc de grès.
3 - Ils devaient être protégés par un petit édifice couvert de tuiles.
4 - Le bois enfoui provient ou d’un dispositif permettant de descendre dans le puits, ou de l’édifice ci-dessus mentionné.
5 - Une dernière hypothèse qui balaie les précédentes : ces puits avaient, dans un premier temps, une fonction sans rapport avec les verreries (par exemple culturelle) et, dans un second, celui de dépotoir.
Le mystère demeure. Qui nous aidera à le dissiper ?
QUELQUES REMARQUES ANNEXES
1 - Le curage :
Deux personnes (le plus souvent des élèves) remplissaient des seaux au fond du puits. Montée et descente des gens et des seaux étaient assurés, dans un premier temps, par la force physique, puis par un treuil manuel et enfin par un treuil motorisé.
2 - Plus de 40 personnes ont été associées à cette opération :
Des élèves (curage, tri, identification), des ouvriers professionnels du collège (préparation du puits de la plate-forme), des professeurs, des entreprises (ECCPS, RAFNER) et divers bénévoles.
3 - Nous avons trouvé auprès du propriétaire, beaucoup de compréhension. Mais il nous a demandé la plus grande discrétion. Aujourd’hui, nous rendons publics nos travaux, alors que le puits a été obstrué afin de le protéger des curieux.
1. et 2. Céramique jaunâtre granuleuse. L’intérieur est couvert d’une fine couche de verre (1 à 2 mm sur les parois, 5 mm au fond)
1 - Reconstruction d’un vase 2 - Les différents types de bord
3 - grande jarre (fragments) 4 - Sigilée Gallo-Romaine
En visitant notre site Internet, vous pourrez télécharger ces documents : |
• , (PDF - 181.9 ko) |